L'exigence fondamentale de la philosophie morale est celle d'universalité, de nécessité, d'objectivité et d'apodicticité. Il s'agit de trouver le fondement de la morale, commun à tous les hommes, en mettant à jour la présence en eux d'une forme a priori. Pour les Fondements de la métaphysique des moeurs, il s'agit donc de fonder l'éthique sur des principes a priori, seuls valables universellement pour tout être raisonnable.
Le terme de métaphysique implique que le principe suprême de la morale (l'autonomie) ne puisse être l'objet d'aucune expérience. Il s'agit donc de dégager le fondement universel de l'éthique, pur de toute connaissance empirique relative à la nature humaine. En ce sens, Kant tente de fonder de manière formelle la morale, contre les morales empiristes du sentiment (Hutcheson, Shaftesbury, Hume) (...)
[...] La philosophie morale de Kant Table des matières I La phase fondatrice formelle de la métaphysique des moeurs A. Le principe critique de la division du travail appliqué à la morale B. La dialectique naturelle de la raison humaine commune et la nécessité de faire un pas dans le champ d'une philosophie pratique C. La purification chimique de la loi morale II À la recherche d'une formule nouvelle de la moralité A. Un quadruple héritage Le piétisme Le rationalisme moral allemand Leibniz et le règne de la grâce (regnum gratiae) Wolff et l'idée de perfection L'empirisme anglais : le sentiment moral selon Hutcheson et Shaftesbury La philosophie française des Lumières Rousseau Voltaire B. [...]
[...] Voltaire Hormis la grande influence de Rousseau, Kant évoque parfois Voltaire. Les références qu'il fait sont généralement liées aux problèmes de l'existence de Dieu, de l'immortalité de l'âme et des dons que le ciel fait à l'homme pour rendre sa vie ici-bas plus supportable. Par exemple, Kant évoque le délicat problème de l'immortalité de l'âme, dont la CPA fera un postulat de la raison pure pratique, une croyance morale. Kant condamne ici l'éthique qui prétend reposer sur une connaissance objective certaine de l'autre monde et qui, plus est, fonde la vertu uniquement sur l'espoir d'une récompense ou sur la crainte d'un châtiment dans l'au-delà. [...]
[...] Pour Rousseau, comme pour Kant, l'homme est naturellement bon, c'est-à-dire prédisposé, en vertu de sa nature, à agir moralement. Kant lit ainsi dans Rousseau, non l'injonction à retourner à l'état de nature mais à guérir les vices qu'engendre la civilisation. Déjà le Contrat social présentait un type de société politique garantissant à l'homme une liberté morale et civile qu'il ne connaissait pas à l'état de nature. C'est dans le même ouvrage que Rousseau opère la distinction entre deux formes de liberté : une liberté naturelle sans frein, état de sauvagerie misérable, où l'homme n'est limité que par sa force physique, et une liberté véritable, civile et morale, obéissance à la loi qu'on s'est prescrite. [...]
[...] Pas même la loi morale n'est objet d'amour : elle est objet de respect. Corrélativement, là où Leibniz établit une simple différence de degré entre les Esprits et Dieu, Kant établit une différence de nature, Dieu n'étant qu'un idéal rationnel transcendant et inaccessible, et nullement un être existant. Dieu, chef du règne des fins, reste, dans les Fondements, un idéal de la raison pure pratique. Nous ne connaissons rien d'une tel monde moral intelligible et nous ne sommes qu'en partie membres de ce règne, l'autre partie de notre être nous rattachant au monde sensible. [...]
[...] Ainsi, la vraie morale veille à ce que les causes du mal n'existe pas. La liberté morale se situe dans l'obéissance non au désir, mais à la loi fixe qui sert de repère immuable à l'homme. Kant interprète le mythe du bon sauvage comme la tentative de purifier les moeurs et de dégager dans sa pureté la disposition morale en nous. Il ne s'agit donc nullement d'un retour à l'état de nature, mais du passage de l'homme à une étape supérieure de la civilisation : la moralisation. [...]
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