La vie en communauté implique la présence de lois. Si celles-ci sont oppressives, si au lieu d'assurer la sécurité et la prospérité à tous ceux qui y sont soumis, elles gênent sans cesse tous nos actes et brident la moindre de nos initiatives, alors elles empêchent manifestement non seulement mon épanouissement personnel, mais par là même aussi celui de tous mes concitoyens.
La révolte ne tardera donc pas à gronder, avec son lot de périls et de misères. Il semble donc bien que nous attendons de la loi au minimum qu'elle assure les conditions de notre bonheur, ne serait-ce qu'en ne devenant pas l'une des causes de nos malheurs (...)
[...] Il ne s'agit pas de dire que cette mission es en soi légitime, mais il faut remarquer qu'elle vient contester le partage du public et du privé ; on peut alors craindre, comme le fait Tocqueville, de voir peu à peu émerger ce qu'il faut bien appeler un despotisme démocratique où les citoyens prennent l'habitude de déléguer à l'Etat le soin de leur vie, de leur personne, bref, où ils finissent par le charger d'assurer leur bonheur, fût-ce au prix d'une réduction dramatique de leurs libertés. Conclusion : Voici en quels termes Tocqueville, dans son De la démocratie en Amérique, décrit cet Etat qui devient pour tous les citoyens un père qui prévoit tout et pourvoit à tout, rendant chacun comme étranger à ses propres affaires : ce qui était jadis de l'ordre des affaires privées est devenu affaire de l'Etat. Un pouvoir immense et tutélaire se charge seul d'assurer les jouissances des citoyens et de veiller sur leur sort. [...]
[...] Cependant, au moment même où la loi m'empêche de faire ce que je veux, elle en fait de même à l'égard d'autrui, et ce faisant elle me protège de sa convoitise ou de sa violence éventuelles. N'est-ce pas d'ailleurs au fond la raison d'être de la loi civile, sa fonction première ? Ainsi que le remarque Hume, les hommes n'accepteraient pas de soumettre à des lois, et par là d'abandonner leur liberté naturelle, s'ils n'en tiraient pas quelque avantage décisif, à savoir une vie assurée, la paix et même la possibilité de la prospérité. [...]
[...] Ainsi, si nous vivons sous des lois, c'est d'abord par intérêt : ce n'est pas seulement mon bonheur qui est par là rendu possible, c'est ma vie elle-même. En ce sens donc, on peut considérer que c'est à la loi de veiller à la sécurité de ma personne et de mes biens, de me protéger de toute attaque, et de créer par là les conditions sine qua non d'une vie prospère et heureuse La vie heureuse comme fin de la cité On peut ainsi avec Aristote considérer que la vie heureuse est la fin même de la communauté politique, et partant ce qui distingue cette forme de vie en commun des autres. [...]
[...] La métaphysique fonde la physique sur une théologie, sur une théorie de Dieu comme moteur de l'univers, comme acte pur. Aristote semble hésiter entre la théorie d'un Dieu transcendant, pensée de la pensée et celle d'un Dieu immanent, vivant éternel parfait Les œuvres de morale et de politique (Ethique à Nicomaque, Politique, Politique des Athéniens) allient de façon parfois curieuse les préjugés des cités grecques d'alors (nécessité de l'esclavage, notion de races nées pour être esclaves, morale réservée à l'élite aristocratique) et des vues novatrices et modernes (importance de la pratique en morale ; rôle du milieu géographique, économique et social ; idée d'une science politique fondée sur l'expérience). [...]
[...] Alors, est-ce à la loi de décider de mon bonheur, ou bien est-ce à moi seul d'en décider, indépendamment du bonheur ou du malheur éventuels d'autrui ? D'emblée, il faut remarquer que si la détermination de ce qui peut me satisfaire dépend d'abord de ma propre complexion, en particulier de la nature de mes désirs, il est fort douteux que je puisse être heureux si tous autour de moi sont malheureux : le bonheur de mes proches, amis et parents, participe du mien. [...]
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