Il suffira pour le moment de poser en principe ce que tous doivent reconnaître, les hommes naissent sans aucune connaissance des causes des choses et tous ont un appétit de rechercher ce qui leur est utile et ils en ont conscience.
Dans un premier temps, les hommes se figurent être libres car ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit et ne pensent pas même en rêve aux causes par lesquelles ils sont disposés à appéter et à vouloir (...)
[...] Nous comprenons que rien au monde ne peut être indépendant de Dieu. Tout ce qui est, est en Dieu et est conçu par Dieu, Dieu est cause de l'existence des choses et de leur essence. L'homme est donc déterminé par Dieu et par les autres modes finis; En seconde conséquence, Spinoza pose que les hommes agissent toujours en vue d'une fin, l'utile qu'ils appètent, s'efforçant toujours à connaître les causes finales des choses La critique mise en avant consiste à poser qu'à vouloir se représenter les choses qui existent dans le temps c'est toujours et nécessairement se tromper; Ainsi, apparaissent les idées générales, cause de tant d'erreurs qui viennent de la connaissance expérimentale, connaissance des faits que l'on prend à tord pour la connaissance certaine et qui consiste à juger des choses d'après les modifications de notre corps. [...]
[...] L'illusion de la liberté est comme toutes les erreurs une connaissance mutilée et confuse. Contrairement à Descartes qui est ici visé, il n'est pas nécessaire d ‘invoquer une volonté absolument libre : les hommes se figurent être libres car ils ont conscience de leurs volitions et de leur appétit et ne pensent pas aux causes par lesquelles ils sont disposés à apprêter et à vouloir, n'en n'ayant aucune conscience Notons que la volonté pour Spinoza renvoie à l'effort perpétuel et essentiel lorsqu'il est rapporté à l'âme toute seule et que rapporté au corps en même temps, il s'appelle appétit et devient désir lorsque l'âme elle-même prend conscience de cet effort. [...]
[...] L'univers et Dieu n'existent que pour lui; Alors qu'au contraire, il s'agit de réintégrer l'homme dans la nature. Ses actions n'émanent plus d'un pouvoir inconditionné et arbitraire, l'homme doit apparaître comme une partie du tout, lié à ce tout par un lien de nécessité. Conclusion On ne peut plus dire que l'homme existe de façon indépendante et qu'il puisse être la fin de quoi que ce soit. Ce qui existe, c'est la nature dans son unité et son infinité. L'homme existe dans la mesure où il participe de Dieu. [...]
[...] Le désir, appétit conscient de lui-même, est premier, c'est parce que nous désirons une chose que nous la jugeons bonne. Ainsi, les hommes croient que toutes choses ont été faites en vue d'eux-mêmes et disent que la nature d'une chose est bonne ou mauvaise suivant qu'ils sont affectés par elle. Ne pouvant se croire les auteurs de cette finalité, ils l'ont rapportée à un être ou plusieurs qui gouvernaient la nature et qui avaient pris soin d'y tout conformer pour leur usage. Ainsi, la superstition naquit de la croyance aux causes finales. L'homme s'est fait le centre de tout. [...]
[...] La volonté libre de Descartes est pour le philosophe un exemple de ces fausses idées générales qui semblent claires car nous n'y mettons plus autre chose qu'un mot; C'est encore par suite d'une méprise du même genre que l'on est amené à séparer de l'entendement qui conçoit l'idée, la volonté qui juge. L'acte de concevoir et l'acte de juger sont identiques. Donc, il n'y a point dans l'âme de volonté libre. Il s'agit d'une illusion de liberté. Cette conscience de la liberté n'est pas quelque chose de positif, c'est un défaut de savoir. Les hommes conscients de leurs désirs sont ignorants de ce qui détermine ces désirs. [...]
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