Puis-je être libre si les autres ne le sont pas ?

Résumé du document

La liberté est un mot qui revient souvent dans notre société et qui fait polémique et sonne différemment selon les régions du monde, que ce soit par les étudiants de mai 68 hissant le slogan « il est interdit d'interdire » ou plus récemment, lorsque le monde entier s'indigne subitement devant la politique répressive chinoise à l'occasion des Jeux Olympiques de Pékin. Entre des étudiants hédonistes qui veulent une liberté « absolue », et une population chinoise qui se soumet avec résignation et sagesse au pouvoir dictatorial, n'existe-t-il pas alors un degré de liberté, une manière différente d'être libre ? Si oui, pourrions-nous réellement prendre conscience de notre liberté si nous vivions dans un monde où toutes populations seraient embrigadées, muselées par un pouvoir illégitime ? Nous pouvons ainsi nous interroger sur le fait que ma liberté suppose celle des autres. Qu'est ce qu'être libre ? Que représente autrui pour moi ? En quoi ma liberté dépend-t-elle de mon rapport à l'autre ? C'est ce à quoi nous allons essayer de répondre (...)

Extraits

[...] Cette dialectique s'articule autour de trois moments. Le premier moment est celui de la lutte à mort de deux consciences pour la reconnaissance. Chacune d'entre elles s'affirment libres, chacune voulant quitter sa subjectivité. Le maître est reconnu libre comme tel, tandis que l'esclave renonce à sa liberté. Le second montre que le maître ne travaille pas, et donc à la liberté de ne pas travailler ce dont l'esclave ne peut se permettre étant tributaire du maître. Enfin, arrive le troisième moment, où l'esclave en appliquant ses différentes tâches apprend à travailler et y découvre une certaine liberté. [...]

[...] Quel serait en réalité ma liberté si je vivais seul ? Le héros du roman de Michel Tournier, inspiré par le Robinson Crusoé de Daniel Defoe, nous renseigne sur cette idée de solitude, d'absence de reconnaissance, d'être condamné à un face-à-face avec lui-même. Ainsi, Robinson Crusoé sauve et reconstruit sa conscience, dans la solitude de l'île de Speranza en s'inventant un autre imaginaire afin de prendre conscience de son existence et du monde, car c'est à travers l'autre que l'on prend conscience de soi, qui nous apparaît comme un miroir. [...]

[...] Ainsi, autrui est indispensable à la connaissance de soi. En effet, autrui est la condition de la conscience de soi. On ne peut pas exister que pour soi-même mais au contraire pour les autres. L'autre nous est indispensable dans la quête de soi. Pour Hegel la conscience générale de soi est l'affirmative connaissance de soi-même dans l'autre moi Autrement dit, il existe une réelle réciprocité dans la reconnaissance, je me reconnais car l'autre me reconnais. Ainsi, dans sa Dialectique du Maître et de l'Esclave Hegel nous montre qu'une conscience ne se constitue qu'en obtenant d'une autre la reconnaissance de sa liberté, ce qui implique qu'elle lui soit supérieure. [...]

[...] Il est donc fondamental que l'homme reconnaisse l'autre comme un autre lui-même. C'est le premier savoir possible Enfin, la liberté est originairement politique, qui vient du grec polis qui signifie cité, Etat Cette liberté définit les modalités de la vie en commun. L'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté écrit Rousseau : il s'agit ici de la loi qui articule mon existence avec celle des autres. La formule selon laquelle la liberté des uns s'arrête où commence celle des autres doit de ce point de vue être refusée. [...]

[...] De ce fait, même dans un pays démocratique où les habitants qui le composent sont conscients de leur liberté et l'exerce pleinement, les atteintes à la liberté restent néanmoins présentes car les autorités veulent tout contrôler, tout prévoir, tout protéger à l'image de la vidéosurveillance au Royaume-Uni. Nous pouvons alors nous demander, si cet excès de protection ne nuit pas gravement à nos libertés fondamentales. Dans la mesure où je ne peux pas être libre lorsque les autres ne le sont pas, par conséquent si les autres le sont, je le suis. Mais est-ce vraiment le cas ? [...]