Lévinas souligne que la transcendance signifie, étymologiquement, une traversée (trans), mais aussi une montée (scando). Ainsi en son sens d'origine la notion de transcendance conduit au concept de dépassement, de mouvement ascendant ou de geste qui porte au delà. Elle signalerait le paradoxe d'une relation demeurant entre le sujet qui est et ce qui dépasse la nature première de ce sujet en tant qu'empirique, au sens kantien du terme [...]
[...] La transcendance devient donc la structure intime de la subjectivité. Pour expliciter ce propos Levinas fait référence à son ami et interlocuteur Jean Wahl qui énonce l'idée de la façon suivante : L'homme est toujours au delà de lui même. Mais cet au delà de soi même doit avoir finalement conscience que c'est lui même qui est la source de la transcendance La transcendance de la subjectivité atteste cette étonnante possibilité de dépasser toute situation de fait et d'excéder toute définition. [...]
[...] Il y a là comme un traumatisme de la transcendance qui empêche le moi de demeurer en soi. Mais dans cette accusation du moi par l'autre, se forme la subjectivité humaine comme responsable de l'autre devant l'autre. La philosophie de Lévinas réhabilite le pluralisme à partir du face à face interhumain qui ne peut être ramené à une unité supérieure. Mais le pluralisme c'est d'abord ce qui décrit la structure de la subjectivité : le moi trouve paradoxalement à l'intérieur de lui-même l'autre comme tel qui ne lui sera jamais intérieur. [...]
[...] La transcendance est un surgissement qui surgit comme question à l'Autre et sur l'Autre. La transcendance naît de la relation intersubjective. Mais suffit-il d'admettre le caractère principiel de l'intersubjectivité pour faire apparaître la transcendance ? La transcendance comme intersubjectivité. Lorsque la relation intersubjective est présentée comme relation spéculaire où chaque sujet se trouve face à la liberté de l'autre, l'altérité est encore pensée à partir de l'identité du moi. La transcendance, ou la sortie de soi, ne peut dans ces conditions apparaître sans se soumettre une antinomie. [...]
[...] ( En effet les philosophies modernes, notamment suite à l'émergence des pensées Kantiennes et Hégéliennes, se soumettent à l'exigence d'unité de l'être : Pour Kant le noumène de la totalité ordonnée du monde ainsi que celle de la moralité ont une fonction essentielle dans la transcendance du sujet empirique vers le sujet transcendantal, moral, car c'est toujours en fonctions de telles idées qu'il se dépasse : elles sont, autrement dit, les conditions de possibilité de l'humanité et de la subjectivité. La pensée Hégélienne inscrit la réalité humaine dans la relation du sujet à L'Esprit : la réalité humaine a pour nature de s'élever de la sensation individuelle dans la direction de la raison universelle, c'est à dire dans le sens d'une unité pure. Par la suite Heidegger prétendra même clairement relier ensemble les notions de finitude et de transcendance du Dasein à celle de l'être. C. Levinas et la transcendance. [...]
[...] Dans une étude intitulée Philosophie et transcendance parue en 1989 dans L'Encyclopédie Philosophique Universelle, Lévinas examine la façon dont Plotin, Descartes, Husserl et Heidegger ont rencontré la question de la transcendance, montrant comment la recherche du lieu originel de la transcendance est sans doute l'un des problèmes principaux de la philosophie. Mais Lévinas montre aussi que l'on peut aussi voir là une mise en question de la philosophie, car dans l'étonnement qui anime le questionnement philosophique, Lévinas reconnaît la disproportion entre cogitaio et cogitatum qui témoigne de la transcendance. (p.27 de Altérité et Transcendance, éd. Fata Morgana.). [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture