L'éthique pour Lévinas est rupture. Rupture du monde naturel, rupture d'un moi rivé sur lui même et soucieux de soi. L'éthique est de quelque manière subversion de l'être. En fait, il y a un certain paradoxe dans cette description de l'éthique de la responsabilité pour autrui parce qu'autrui s'impose à moi dans la gratuité, mais aussi dans le commandement. En effet, son visage est à la fois une exposition de faiblesse et un impératif qui m'interpelle (...)
[...] ] La société avec Dieu n'est pas une addition à Dieu, ni un évanouissement de l'intervalle qui sépare Dieu de la créature. Par opposition à la totalisation, nous l'avons appelée religieuse [29]. La liberté qui se pose, est aussi la liberté qui se met en question dans l'affrontement avec la liberté de l'autre. La merveille de la création ne consiste pas seulement à être création ex nihilo, mais à aboutir à un être capable de recevoir une révélation, d'apprendre qu'il est créé et à se mettre en question cette révélation et cette remise en question viendront de la rencontre éthique d'autrui. [...]
[...] Cette révélation éthique de Dieu n'est pas thématisable. Elle n'est pas de l'ordre de la représentation. Le visage n'est pas représentation de l'Infini, ou l'actualisation d'une absence : non pas comme si [le visage d'autrui] était une image renvoyant à une source, à un original inaccessible, résidu et témoignage d'une dissimulation et le pis-aller d'une présence manquée [20]. Mais elle est réduite à se manifester dans l'ambiguïté et l'allusion. Elle est trace, non pas comme l'indice qui fait remonter de l'acte à l'acteur et permet de les confondre. [...]
[...] La création ex nihilo rompt avec le système, pose un être en dehors de tout système, c'est-à-dire là où sa liberté est possible [28]. Il y a en quelque sorte un abîme infini à franchir entre le Créateur et la créature, et c'est cette distance qui permet le cogito. Ainsi il y a la possibilité de la religion véritable, adoratrice du Dieu unique et personnel. Un infini qui ne se ferme pas circulairement sur lui-même, mais qui se retire de l'étendue ontologique pour laisser place à un être séparé, existe divinement. [...]
[...] L'idéalisme allemand a élaboré un système où l'esprit comprend le monde en se reconnaissant en lui. L'hégélianisme particulièrement est une philosophie de l'immanence où l'absolu est le sujet universel qui comprend tout et, dont toutes les choses ne sont que le développement dialectique. Ce sujet universel c'est ce que Hegel appelle Idée ou Concept. Ainsi, dans le système absolu de Hegel tout a sa place. Le moi est donc centré en lui- même et s'affirme en totalisant toutes choses en fonction du moi et de ce qui l'entoure. [...]
[...] Regarder autrui, c'est lui dire en le regardant me voici Ce me voici n'est pas une invitation, mais une demande qui m'ordonne de le servir. Mais c'est par l'appel d'autrui que je viens à la conscience et c'est en lui répondant que je deviens un être responsable. Je suis éveillé à la responsabilité éthique, mais elle ne vient pas de moi car c'est plutôt dans la nature humaine de fuir la responsabilité. Autrui est celui à qui et de qui je dois répondre. Ma responsabilité pour l'autre est irréversible, ce devoir envers l'autre est inconditionnel. [...]
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