Représenter, du latin « repraesentere » signifiant rendre présent, consiste à exposer, montrer une chose ou une idée, en provoquant l'apparition de son image au moyen de procédés graphiques ou d'associations de signes. L'image créée doit donc rappeler l'objet ayant servi de modèle. L'oeuvre d'art devient donc l'image du modèle, sa copie.
Néanmoins nous pouvons nous demander si l'oeuvre d'art est cloisonnée à être l'évocation d'un modèle existant, d'une réalité. Cette réalité définie comme ce qui existe en fait, par opposition à l'illusion ou l'apparence, est dans ce cas amenée à en devenir une. Mais l'artiste n'est pas contraint de s'inspirer d'une chose concrète et la finalité de son oeuvre devient alors autre que la représentation de la réalité.
Cette dernière est-elle l'essence d'une oeuvre d'art, une contrainte ou un engagement de l'artiste ? Sa création doit-elle se limiter à être l'image d'une chose ? Pour répondre à ces questions, nous verrons dans un premier en quoi la représentation de la réalité est l'enjeu recherché pour l'oeuvre d'art et dans un second temps, nous étudierons en quoi ce but ne lui correspond plus.
Tout d'abord les oeuvres d'art ont longtemps été considérées comme des imitations de la nature, car elles ne pouvaient être autre chose. En effet, seules les divinités étaient des artistes, ayant créé la nature, tandis que l'Homme se contentait de la copier. Le plaisir procuré par ces oeuvres tenait uniquement à la fidélité de la reproduction. Ainsi la représentation de la réalité était l'unique objectif assigné à l'oeuvre d'art. Même l'artiste inspiré, n'ayant aucun modèle, était considéré comme habité par un dieu, devenant ainsi porte-parole de réalités supérieures. Chaque oeuvre pouvait donc en apprendre sur l'homme ou la nature (...)
[...] C'est pourquoi l'œuvre d'art ne doit pas toujours s'assigner pour but de représenter la réalité au risque de ne pas être reconnue comme telle. Il en va de même avec la photographie. Elle est souvent considérée comme une pâle copie de la réalité et comme étant dénuée de manifestation de la volonté esthétique d'un artiste. Pourtant si elle représente la réalité, ce n'est pas faute de choisir son sujet et de montrer ce qui passe inaperçu aux yeux de la plupart des Hommes. [...]
[...] Or si la réussite de l'œuvre en dépend, c'est que l'illusion, visant la représentation de la réalité, lui est essentielle. Enfin la finalité d'une œuvre d'art peut-être de remplacer la réalité, de parler en son nom. En effet, si l'œuvre imite et copie toujours cette dernière, alors elles deviennent presque une seule et même chose et ont la même signification. Ainsi au XVIème siècle, les rois avaient coutumes de se marier au vue des portraits de leur prétendantes. La peinture était alors censée guider leur choix, au même titre que s'ils étaient en présence de ces femmes. [...]
[...] Elles retracent alors une époque et sa réalité : elles ont donc pour vocation de représenter une réalité passée sur lesquelles l'Homme peut se baser pour comprendre son histoire. C'est pourquoi l'œuvre d'art peut effectivement tendre à remplacer la réalité, à la représenter. Après avoir étudié ce pourquoi la représentation de la réalité est l'essence de l'art, nous allons essayer de voir ce en quoi elle ne l'est pas. D'abord si la représentation de la réalité peut jouer un rôle en faveur de la réussite de l'œuvre, elle peut également lui être néfaste. [...]
[...] Si l'objet artificiel n'a de finalité que celle que l'artisan lui donne, alors toute interprétation et objectif donné à l'œuvre est erroné, artificiel. Alain disait ainsi que tous les arts sont comme des miroirs, où l'homme connait et reconnaît quelque chose de lui-même qu'il ignorait Lorsque l'Homme contemple une œuvre d'art, c'est ce qu'il chercher qu'il va voir. Il se projeté en elle pour essayer de s'y retrouver. C'est pourquoi lorsqu'il chercher la réalité, une vérité sur sa personne, il va la trouver, lui revenir comme un reflet. S'il veut y voir la représentation de la réalité, pourquoi verrait-il autre chose ? [...]
[...] D'autre part, elle peut donner vie à l'idéal et s'éloigner ainsi de la réalité pragmatique. Ainsi les architectes grecs ont conçu l'Acropole en donnant l'illusion d'une uniformité. En effet chaque pilier paraît identique aux autres, bien que ceux des angles soient plus larges. Ils ont ainsi su donner vie à une harmonie au bâtiment et à un idéal, même si la réalité est tout autre. Ensuite la notion de représentation de la réalité peut être jugée impossible, car l'œuvre expose une fausse réalité. [...]
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