Dissertation philosophique sur le rapport entre justice et légitimité.
[...] A chacun sa vérité dirait Pirandello. Pourtant, toute recherche a la même finalité le bien et donc, quelle que soit la méthode, la réflexion est juste. Le justifiable est-il alors une condition suffisante à la justice active? La connaissance scientifique est juste et la démarche de la science est justifiée par le schéma ternaire: hypothèse de la raison, vérification empirique et loi rationnelle. La psychanalyse se justifie par son hypothèse de l'inconscient qui inflige à l'homme sa troisième blessure narcissique. Est-elle juste? [...]
[...] Ainsi, ce qui est juste se justifie, est capable d'être justifié, est justifiable et même est le justifiable. Pourtant, si l'inclusion du juste dans le justifiable est juste, l'inclusion inverse n'est pas nécessairement juste: l'égalité est limitée, voire erronée, car le justifiable n'est pas nécessairement juste. Tout ce qui est justifiable n'est pas forcément vrai donc n'est pas automatiquement juste; la justification morale qui consiste à se trouver des excuses pour expliquer notamment une mauvaise action ne saurait être juste puisque le mal serait alors confondu avec le juste. [...]
[...] Un étudiant confronté à un sujet surprenant tel que : Le juste est- ce le justifiable ? se décourage immédiatement et se désiste de l'orientation dans le pensée en remettant une copie blanche. C'est une information juste car elle est vraie. Cette réaction est justifiable dans la mesure où l'élève a certainement ses raisons. Quant au professeur, il considère cette fuite devant l'obstacle comme injustifiable et assignera une note nulle en justifiant son geste par la justice éducative suprême. C'est tout à fait juste par rapport aux autres et justifiable par rapport à son propre comportement! [...]
[...] Le justifiable passe par l'universalisation de la raison pour se confondre avec le juste. Le juste est donc nécessairement justifiable. L'injustifiable est-il forcément injuste? Le justifiable ne saurait se confondre avec le juste, cependant, il le doit pour se justifier: le justifiable est nécessairement juste s'il est vraiment justifié. Ainsi, l'égalité est juste et justifiée à condition que le justifiable soit vraiment justifié, c'est-à-dire universel, conceptuel et objectif. On pouvait penser que le rapport entre le juste et le justifiable était analogue à la relation entre le bien et le plaisir. [...]
[...] On ne doit pas remettre en cause la justice car elle est justifiée même quand elle paraît injustifiable. J'ai noué un pacte avec autrui pour pouvoir vivre avec lui en m'engageant à respecter des règles édictées par le peuple que le corps social doit obliger à faire respecter. Dans cette perspective, la justice offre au sujet l'autonomie et la conscience morale puisqu'il connaît les lois injustes qu'il peut enfreindre: si les lois sont injustes, alors elles sont injustifiées et n'ont pas raison d'être des lois. De plus, le juste, puisqu'il est vrai, finit toujours par se justifier. [...]
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