Le temps nous fait sans cesse changer. Je ne suis déjà plus celui que j'étais il y a un instant. Qu'y a-t-il de commun entre l'enfant insouciant que j'étais, l'adolescent que je suis et le vieillard que je serais ? Peu de chose sans doute, pourtant c'est toujours de moi dont il s'agit, de la même personne. Mais qu'est-ce qui nous permet de dire qu'elle est toujours la même ? (...)
[...] Donc l'élément qui reste stable dans notre évolution dans le temps serait la conscience de soi, permettent ainsi la constitution d'un "moi" fixe et permanent. Pouvoir dire je, c'est donc avoir conscience d'être à la fois un et identique par delà la multiplicité des états de conscience interne et des expériences vécues. «Posséder le je dans sa représentation c'est pouvoir se dédoubler ou plus précisément s'appréhender soi-même comme objet et se sentir signifierait se saisir [de manière concrète, sensible et immédiate malgré les changements dans le flux du temps] soi-même par un retour sur soi comme un être unique et identique à soi même, autrement dit accéder à la conscience de soi. [...]
[...] Peut-on le punir pour un acte qu'il ne se souvient pas avoir commis? On se retrouve dans le même cas pour un personne souffrant d'un trouble de la personnalité et peut on dire que c'est encore la même personne qui l'a commis? L'identité d'un sujet repose donc sur la continuité de sa mémoire. On peut donc dire qu'il n'ya ni conscience de soi, ni "noyau" sans mémoire. «Est une personne celui qui peut se considérer soi-même comme le même, qui pense en différents temps et en différents lieux» (Leibniz) La thèse de Bergson, va à l'encontre de cette croyance qui dit qu'on ne retiendrait qu'une partie, des moments du passé. [...]
[...] Il n'y a donc pas un moi éternel et substantiel, mais une conscience vivant engagée dans ses pro-jets. Ce passé et cet avenir pour Sartre, détiennent un sens et désignent, non point un ensemble d'éléments figées et préétablis, relatifs à un moment donné de ma temporalité, mais ce que je suis dans le présent et l'action. Loin que cette signification [la conscience humaine toujours en avant d'elle-même vers l'avenir] soit figée dans le temps, loin qu'elle soit subordonnée à mes actes antérieurs, cette signification se présente comme le produit de ce que je fais et crée aujourd'hui. [...]
[...] Qu'est ce qui demeure sous les multiples changements? Faut-il chercher ce qui fait l'unité et l'unicité de la personne dans un noyau invariant sur lequel le temps n'aurait nulle prise ou au contraire confier cette unité à la continuité de l'histoire singulière de cette même personne? La possibilité de penser l'identité et la permanence de l'homme à partir de son inscription dans le temps et dans la durée. Il faut donc montrer d'abord que l'être humain est toujours dans le temps et dans le devenir. [...]
[...] C'est bien moi qui devient autre, et ce précisément dans la mesure ou se sont mes évolutions continues et permanentes qui me façonnent. Moi, ce n'est pas quelqu'un qui surplomberait ce devenir, mais au contraire un sujet entièrement engagé dans son histoire [son passé]. Il ne s'agit donc pas de rester le même mais bien de devenir soi-même, rester le même serait se bloquer sur un état du moi passé que l'on considérerait comme stable. Devenir soi-même, au contraire, c'est avoir le courage d'aller au bout de ses projets à travers son histoire et soi-même. [...]
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