Je ne peux pas dire qu'un homme, qui passe près de moi dans la rue, ne m'est pas étranger. Il est un homme, parmi d'autres, anonyme, inconnu, fondu dans la masse, qui suit son chemin sans me prêter forcément attention. Je peux également trouver cet homme étranger si je ne reconnais rien en lui qui m'est familier : une attitude, une couleur de peau différente de la mienne, des vêtements, une langue... D'ailleurs, n'appelle-t-on pas ceux qui viennent d'un autre pays que le sien des « étrangers » ?
A la lumière de ce premier constat, il semblerait donc paradoxal de dire qu'un homme (en insistant sur l'article « un ») ne peut m'être étranger. Tous les jours, nous sommes confrontés à l'étrangeté, voire même à la bizarrerie, au caractère insolite des autres.
Cependant, même si c'est le cas, la question du sujet nous invite à dépasser cette première affirmation : un homme peut être étranger, mais doit-il le rester ? Car, a contrario, n'a-t-on pas aussi quelquefois l'expérience d'une rencontre fortuite, entre moi et l'autre dont je ne connais rien au départ, et se soldant par une amitié sincère ?
Après avoir montré, dans un premier temps, en quoi un homme pouvait m'être étranger nous examinerons, dans un second moment, les conséquences de cette première approche de l'autre et tenterons de la dépasser. Enfin, nous verrons pourquoi un homme, malgré son étrangeté, ne doit pas rester étranger : le sujet nous invite à étudier l'aspect moral de mes relations à autrui qui est un autre que moi, mais aussi un autre moi. En bref, ce qui pose vraiment problème c'est l'emploi de l'adverbe « totalement ». Comment établir des relations authentiques avec les autres, comment savoir à la fois reconnaître leur humanité et leur altérité ? (...)
[...] Cependant, il est de mon devoir de dépasser une première idée hâtivement faite pour lui, pour faire en sorte qu'il ne me le soit plus. Je peux communiquer avec lui, établir un dialogue. Mais aussi, je dois accepter le fait qu'il reste totalement étranger dans le sans où je ne saisis de lui qu'une facette et rien d'autre. Je reconnais, en l'autre, une dimension transcendante qui m'échappe entièrement. [...]
[...] Au nom de quels principes un homme doit et ne doit pas m'être totalement étranger ? Si on refuse qu'un homme soit à la fois pareil et autre que soi, cela mène à toutes sortes de conduites excessives : un homme ne doit pas et doit me rester totalement étranger. D'ailleurs, Kant insiste sur la notion du respect : Agis toujours de telle sorte que tu traites l'humanité en toi et en la personne de tout autre toujours en même temps comme une fin et jamais simplement comme un moyen Ajoutons aussi que si un homme a des droits, chacun a des devoirs envers lui. [...]
[...] Oui, un homme peut m'être étranger Tout d'abord, il convient de définir ce terme. Le mot étranger peut vouloir dire une personne qui n'appartient pas au même pays, à la même famille, au même cercle d'amis Celui qui m'est étranger m'est inconnu, incompréhensible, hors de tout ce qui m'est familier. Les conséquences à cela sont que cette personne me surprend, attire ma curiosité, me fait peur, me fait fuir, m'inspire de la différence Pour illustrer cela, nous pouvons prendre l'exemple de Montesquieu qui, dans les Lettres Persanes, se moque des Parisiens dotés d'une curiosité naïve et indiscrète pour tout ce qui n'est pas comme eux : Comment peut-on être Persan ? [...]
[...] Cependant, comment peut-il ne pas me rester totalement étranger ? II. Un homme peut ne pas m'être totalement étranger Le problème est de rentrer en contact avec l'autre qui n'est pas moi donc qui inspire un certain nombre de sentiments contradictoires allant de l'indifférence, du mépris à la peur puis à la curiosité plus ou moins discrète. Comment dépasser ce stade sachant que, moi aussi, je suis un homme parmi d'autres pour lui ? Il existe plusieurs possibilités, voire même plusieurs degrés : le conflit (cf. [...]
[...] Il est alors ignoré, fondu dans la masse. Mais, comment dépasser ce préjugé sur l'autre ? Ai-je vraiment besoin que tout autre soit comme moi pour qu'il ne me soit plus du tout étranger ? A contrario, un ami a toujours été d'abord un homme étranger : le problème est de savoir comment il ne m'est pas resté totalement étranger et comment ai-je communiqué avec lui ? Il est évident qu'un homme peut m'être étranger. On en fait l'expérience tout le temps. [...]
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