« Etre libre, c'est faire ce que l'on veut » : telle est notre définition courante de la liberté. Je ne serais donc pas libre lorsqu'on contraint ma volonté par des règles, des ordres et des lois. Etre libre serait alors la condition naturelle de l'homme, et la société la marque de son esclavage.
Donc l'homme libre semble spontanément celui qui ne subit aucune contrainte. Or, nous sommes en permanence confrontés à des obstacles à la réalisation de nos désirs. Par conséquent, la liberté ne résiderait-elle pas dans la libération de ces contraintes ?
Cependant, une liberté sans limite, n'est-elle pas une liberté ineffective dans la mesure où elle finit toujours pas se heurter à celle d'autrui ?
Par ailleurs, si aucun obstacle n'entravait nos désirs, nous finirions par être sous leur emprise, ce qui serait une autre forme de servitude.
Finalement, quelle est l'essence véritable de l'homme ? En ce sens, qu'est-ce qui fait la liberté de l'homme et quelles en sont les conditions de réalisation ?
Tout d'abord, pour Descartes, l'homme possède le libre arbitre, c'est-à-dire la faculté de se décider par la seule action de sa volonté, indépendamment des pressions qu'on peut exercer sur lui. Dans une lettre de janvier 1646 à la princesse Elisabeth de Bohême, une de ses admiratrices et correspondantes, Descartes montre que des hommes poussés à accomplir une action peuvent toujours y renoncer. Cette capacité à renoncer est la preuve de leur liberté. Le libre arbitre suppose un pouvoir de commencement absolu, de telle manière que l'acte libre ne soit déterminé par rien d'autre que par sa propre puissance. Parallèlement comme le dit Bossuet : « Le libre arbitre est la puissance que nous avons de faire ou de ne pas faire quelque chose ». Nous nous représentons notre volonté comme une force souveraine et toute puissante: « Je fais cela parce que je le veux », disons nous parfois. Comme la volonté n'est jamais forcée, on s'imagine que tout ce qu'on veut, on le veut précisément parce qu'on le veut. Ainsi, pour Sartre, la liberté n'est pas une propriété de l'homme mais son être même (...)
[...] Notre volonté est un acte nécessaire à déterminer notre liberté, mais cela reste insuffisant. Dans quel but avons-nous besoin de nous sentir libre et quels sont les critères et les fondements pour définir notre liberté ? En effet, la liberté nous permet d'orienter nos actes et nos choix vers quelque chose que nous désirons. La liberté implique donc toujours un désir, une attirance, un amour, une orientation vers une fin (finalité), vers un bien. Qu'il s'agisse d'un bien matériel, d'une personne humaine, ou du Bien Souverain, il faut nécessairement, pour être libre, une attirance et une orientation vers une fin. [...]
[...] Kant soutient que c'est précisément là le rôle de l'éducation: elle a pour but premier de discipliner les instincts, c'est-à-dire de les réduire au silence pour que l'homme ne se contente pas d'obéir à ce que sa nature commande. C'est aussi, et plus largement, le rôle de la vie en communauté: la société civile nous libère de la nature en substituant les lois sociales aux lois naturelles. Ainsi, la culture c'est-à-dire le façon que l'homme a de faire taire la nature en lui, qui nous fait accéder à la liberté. C'est donc parce que nous observons des règles que nous sommes libres! [...]
[...] Donc, seules les lois “fondées en droite Raison”, donc des lois raisonnables et justes, pourront nous permettre de rechercher l'utile, lequel est une forme de bien plus conforme à ce que nous recherchons vraiment. De même, sur le plan moral, Kant, en se référant à Rousseau, montre que la loi de la moralité à laquelle nous devons nous soumettre (et qui s'exprime par un impératif catégorique) ne nous est pas imposée de l'extérieur, mais vient de notre propre conscience: je suis libre lorsque j'obéis au commandement moral, parce que c'est moi-même qui me le prescris. “L'impulsion du seul appétit est esclavage, et l'obéissance à la loi qu'on s'est prescrite est liberté” rappelle Rousseau. [...]
[...] L'irréversibilité du temps et le caractère fini de notre existence nous obligent à faire des choix. Ils donnent une consistance à notre liberté et une valeur à notre existence. Nos actes ont un sens parce qu'ils s'inscrivent irrémédiablement dans un temps fini. Dans ce sens, Pour Jean-Paul Sartre, l'existence humaine n'est justifiée par rien et elle est, dans le même temps, absolument libre. C'est donc par ses actes que l'homme va donner un sens à son existence. La philosphie de Sartre ouvre sa pensée de l'engagement. [...]
[...] Inversement, la tentation du suicide est la marque de la plus grande impuissance. L'homme libre se caractérise encore par la fermeté d'âme et la générosité : il cherche à se conserver en vie sous la conduite de la raison c'est-à-dire qu'il évite les périls inutiles et fuit non seulement le danger physique qu'il n'y a pas lieu d'affronter mais encore tout ce qui peut susciter le trouble de l'âme tel que discorde, haine, et toutes les sources de tristesse. Ainsi entretient-il en lui la paix de l'âme qui est la marque de la béatitude et de la perfection. [...]
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