L'idée que l'on puisse réduire à deux types - la guerre civile et la guerre étrangère - l'ensemble des manifestations guerrières relève si bien du sens commun que l'on ne s'avise guère de discuter cette classification. Et l'emploi que nous faisons de l'expression "guerre civile", à laquelle nous avons recours de plus en plus souvent, prouve une entente tacite autour de quelques idées dont on n'éprouve pas le besoin de mettre la validité à l'épreuve. Pourtant, cette locution ne renvoie peut-être pas à une notion si évidente qu'il paraît (...)
[...] De la guerre civile découle donc un rétablissement de l'ordre et de la justice. La guerre civile est donc à la fois un mal en sa forme, par la haine qu'elle entraîne lorsque s'entredéchirent des civils, mais également un bien dans son intention première qui est celle de la révolte face à l'injustice. Cependant, ce qui fait d'elle un mal, c'est surtout sa dimension négative, car il est vrai qu'elle résulte et qu'elle est un échec. Elle résulte, en premier lieu, d'un échec du système en place. [...]
[...] Le retour à la vie quotidienne en est d'autant plus difficile qu'il faut reconstruire. Dans un troisième temps ce qui oppose la guerre étrangère et la guerre civile, et qui rend cette dernière encore plus détestable, c'est les moyens moraux auxquels elle fait appel. En effet, la guerre étrangère est avant tout, une opposition entre des Etats ; la guerre civile est une opposition entre des hommes : dès lors, on se bat en guerre étrangère pour sa patrie, lorsqu'on se bat, en guerre civile contre des humains ; la première relève donc du courage et du patriotisme ; la seconde de la haine. [...]
[...] La guerre civile n'est donc pas le pire de tous les maux, le silence face à une situation alarmante, l'est plus encore. Enfin, la guerre civile est généralement suivie d'une période d'accalmie même s'il reste une certaine tension et l'injustice présente au départ est rarement présente à la fin du conflit. En effet, une guerre civile s'arrête généralement une fois que le peuple en sa majorité parvient à faire disparaître l'injustice, soit par la séparation des peuples qui s'affrontent comme lors de la guerre civile indienne qui amena à la création du Bengladesh et du Pakistan soit par la chute du pouvoir en place comme pour les colonies qui se révoltèrent pour arriver à une indépendance. [...]
[...] Enfin, une guerre étrangère se finit naturellement par une paix, un traité assurant la fin du conflit, lorsqu'une guerre civile n'a pas de fin officielle, laissant le corps civil dans l'expectative : le conflit pourrait à tout moment reprendre vigueur. Il faut également remarquer que la guerre civile, comme son nom l'indique, ne touche que des civils alors qu'une guerre militaire n'est sensée frapper que des militaires, des hommes ayant pour vocation de défendre leur pays, qui ont choisi de se battre mais surtout des hommes préparés au combat, entraînés. Au contraire, la guerre civile oppose des hommes et des femmes, de tous types de professions : des hommes n'ayant aucune expérience du combat. [...]
[...] L'autre échec est celui de la parole. En effet, contrairement aux animaux qui ne possèdent que la communication, les hommes ont le langage qui leur permet de s'expliquer, d'arriver à une solution. Cependant, dans le cadre de la guerre civile, les hommes n'ont pu mettre à profit ce langage, alors même qu'ils appartiennent au même groupe, donc partageant la même langue : la déception en est d'autant plus grande. A travers cet échec du langage, c'est l'homme en sa condition qui a échoué par la guerre civile, se rapportant plus de l'animal que de l'essence humaine. [...]
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