Philosophie générale, connaissance perpétuelle, facultés sensorielles, épistémologie de la perception, sense-data, raisonnement, Kant, conception philosophique, Frege, McDowell, Wittgenstein, agent pensant, impression personnelle
Au premier abord, il est communément admis que la perception est une fenêtre ouverte sur le monde, un accès direct de l'intérieur sur l'extérieur par lequel l'agent pensant interagit avec son environnement. Les facultés sensorielles sont autant d'outils qui relient l'homme au monde qui l'entoure, auquel il doit s'adapter et en fonction duquel il doit agir pour assurer sa survie. La nature pourtant de cette instance demeure ambiguë : commune à tous, elle conserve une dimension hautement subjective par le simple fait que l'agent est condamné à n'avoir accès véritablement qu'aux produits de ses propres capacités sensorielles. Les perceptions individuelles ne sont pas interchangeables et, en cela, relativement incomparables entre elles.
[...] Si je perçois les feuilles d'un chêne comme étant duveteuse alors qu'en réalité elles sont lisses, la connaissance du chêne que j'aurais acquise par le biais de mes facultés perceptives sera erronée. Il existe plusieurs arguments permettant sinon d'annihiler complètement le doute quant à la fiabilité de la perception, du moins de l'atténuer. D'abord, Frege fait reposer ce problème sur une confusion à l'œuvre dans l'analyse : rien ne sert de se saisir non pas de la perception en elle- même, mais de l'effet que celle-ci imprime sur notre conscience, de le transposer dans le domaine public afin de le comparer et d'en déduire une certaine véracité de celui-ci. [...]
[...] Ainsi, il s'agit pour McDowell de traiter l'expérience même comme une actualisation de la capacité à raisonner impliquant un exercice actif des concepts, et la perception originelle comme étant toujours déjà conceptualisée de manière passive. Il y a donc dès les premières étapes de l'expérience perceptive une disposition et cette dernière à la conceptualisation et à l'inférence : l'action de percevoir pourrait se définir en elle-même comme un jugement possible, elle dispose d'un caractère conceptuel et implique la mise en jeu de la raison. [...]
[...] La perception en elle-même n'est- elle pas suffisante à la connaissance ? Il semble en effet que la valeur épistémologique de la perception nécessite l'intervention, au cours du processus, du raisonnement. Or la capacité à raisonner de l'agent relève, par définition, de sa faculté à manipuler des concepts : il est donc légitime de s'interroger sur le moment de l'intervention d'une opération de conceptualisation, au sein du processus perceptif dans son ensemble. Y il déjà maniement de concepts dans le fait élémentaire, immédiat, de percevoir ? [...]
[...] Selon la conception kantienne, cette réceptivité serait alors subie et non choisie, en tant que conséquence causale automatique de l'effet intact produit par la chose extérieure sur mon esprit. De fait, malgré une représentation de l'esprit comme réceptacle relativement clos, le schéma perceptif dressé par Kant suggère que ce dernier n'est pas hermétique, et qu'une ouverture vers l'extérieur y est ménagée précisément par la perception. L'activité sensorielle agirait comme un passeur, comme un fil conducteur reliant l'esprit au monde extérieur qui convertirait spontanément les stimuli sensibles en représentations mentales. [...]
[...] Selon ces conceptions, la connaissance perceptuelle nous apparait alors non plus comme une forme, mais comme une source de savoir, et selon un modèle hautement médiatisé : il n'y a pas de connaissance sans conceptualisation, or la conceptualisation est un processus second qui s'effectue dans l'espace des raisons, qui n'est pas le lieu de la perception à proprement parler. Conséquemment, peut-on toujours parler de connaissance perceptuelle quand ces conceptions semblent évincer toute valeur épistémique de la perception dans sa dimension la plus stricte et directe ? L'acquisition d'une connaissance perceptuelle, si elle n'est certes pas donnée d'office et nécessite l'intervention de concepts, ne peut-elle pas pour autant s'effectuer sur un niveau de perception moins secondaire ? Et peut-on à juste titre voir dans la conception Mcdowellienne de la perception la possibilité d'une connaissance véritablement perceptuelle ? [...]
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