Au quotidien, je suis témoin de nombreux faits : je suis plus grand que ma mère ; Molière est l'auteur de l'avare... De tels faits sont tellement évidents qu'ils semblent parler d'eux-mêmes et m'apporter des vérités. Ce n'est cependant pas vrai pour le premier.
Faut-il admettre que ce que paraît montrer un fait peut être trompeur et qu'il ne suffit pas pour élaborer une connaissance ? Dans ce cas, sur quel type de faits cette dernière se base-t-elle ? Comment la raison en tire-t-elle des leçons ? (...)
[...] Au quotidien, je suis témoin de nombreux faits : je suis plus grand que ma mère ; Molière est l'auteur de l'avare, De tels faits sont tellement évidents qu'ils semblent parler d'eux-mêmes et m'apporter des vérités. Ce n'est cependant pas vrai pour le premier. Faut-il admettre que ce que paraît montrer un fait peut être trompeur et qu'il ne suffit pas pour élaborer une connaissance ? Dans ce cas, sur quel type de faits cette dernière se base-t-elle ? Comment la raison en tire-t-elle des leçons ? Que peut enseigner la simple contemplation des faits empiriques ? Qu'est-ce qu'un fait ? [...]
[...] Le fait scientifique est en réalité pris dans un réseau théorique tant dans sa préparation que dans son observation et la signification qu'il aura pour le scientifique Aussi peut-on souligner l'incapacité qui serait celle d'un esprit non prévenu dans un laboratoire : il ne saurait même pas quel fait il doit prendre en compte, et s'il tombait dessus par hasard, il ne pourrait le lier, ni à la recherche qu'il a suscité, ni aux enseignements que l'on espère en obtenir. Mais un tel égarement n'est pas propre aux laboratoires. Les sciences humaines traitent aussi des faits construits. Il en va en effet de même dans les sciences humaines. On attend d'un historien qu'il respecte les faits. Mais en quoi consistent ces derniers ? Il ne peut d'abord s'agir de la totalité de ce qui a eu lieu au cours d'une période étudiée. [...]
[...] Au lieu d'accueillir ce qui se passe, il faut en quelque sorte susciter ce qui ne se passait pas. L'expérimentateur, enseigne Claude Barnard, veut troubler la nature, maîtriser les phénomènes et les reproduire non seulement dans les conditions où la nature nous les présente mais dans les conditions où elle ne les a pas réalisés S'il n'y a de fait que par une relation, la connaissance scientifique a pour intention de préciser en quoi consiste cette relation : de ne plus la considérer simplement en termes qualitatifs ou vagues mais de la formuler mathématiquement. [...]
[...] Mais surtout, l'historien ne retient que des faits qui peuvent concerner son hypothèse de travail. S'il n'avait pas d'hypothèse, il irait, dit Lucien Febvre, rodant au hasard à travers le passé, comme un chiffonnier en quête de trouvailles Pour conclure, si les faits parlaient d'eux-mêmes, la vérité ne serait pas le dévoilement qu'évoque son nom en grec : a-lêthéia suggère déjà que la nature, loin de révéler spontanément son organisation, est d'abord cachée. L'évolution du savoir montre que ce qui la voile est composée de strates beaucoup plus nombreuses que ce que ne le pensaient les initiateurs de la science. [...]
[...] La maison est détruite : voilà un fait que je peux constater. Ma perception m'en informe, et je suis, très capable de le formuler puisque j'ai à ma disposition les concepts de maison et de destruction. Le fait quotidien implique ainsi une relation entre deux objets Par contre, maison n'et pas un fait : ce n'est qu'une idée, qu'il faudra éventuellement particulariser pour désigner cette maison. Mais ce dernier n'est pas davantage un fait : il est tout au plus un objet singulier et ne devient un fait que si, le montrant à quelqu'un, j'insiste sur son existence. [...]
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