En quoi le tableau pris essentiellement sous sa forme artistique peut-il être considéré comme un dispositif de connaissance ? Le tableau prépare-t-il à la connaissance, est il objet ou vecteur de connaissance ? De même, de quelle façon amènerait-il à cette connaissance, et enfin quelles sont les limites du tableau dans cette fonction ?
[...] Que la chose représentée soit réaliste, reproduction à l'identique de la nature ou de fait observables, ou présentée selon une perception différente, le fait est qu'il y a un quanta de données mis en évidence pour un spectateur. Quelle que soit donc la forme ou la visée de ces données, il y a une volonté inhérente et évidente de mise en avant de quelque chose. On peut ainsi considérer que le tableau est par essence un dispositif premier de connaissance puisqu'il se veut transmettre quelque chose de plus au spectateur potentiel. [...]
[...] Reste cependant que de par sa nature, et comme quasiment tout autre dispositif de connaissance issu d'un homme contingent et fini, le tableau a ses limites. Le tableau est par essence lié à un seul sens, la vue, et ne s'adresse pas de manière générale aux quatre autres dispositions de connaissance empirique propre à tout spectateur humain. Un tableau ne garantira donc jamais la profondeur de réflexion intellectuelle d'un traité d'Aristote où toutes les étapes d'un raisonnement peuvent être suivies, pensées et comprises pas à pas. [...]
[...] Ainsi il y a divers degrés et diverses distinctions à faire dans la prise en compte du tableau en tant que dispositif de connaissance. Le tableau apporte à la fois des données visuelles ou des idées qui peuvent les sous-basser et faire donc sortir le spectateur de son cadre habituel de perception et de rationalité. Ainsi, les leçons d'anatomie d'un Rembrandt ou d'un Van Dyck présentent de manière réaliste les connaissances de leur époque, de même, l'école d'Athènes de Raphaël représente Platon l'idéaliste les yeux levés au ciel et Aristote, plutôt porté vers l'empirisme, le regard tourné vers la terre. [...]
[...] Les peintures censées être intimistes sont de même des moyens de connaître l'artiste et sa psychologie, comme en témoigne le cas du peintre Christophe Haizmann, détaillé par Sigmund Freund dans Une névrose démoniaque au 17e siècle[1]. En définitive, le tableau est intrinsèquement un dispositif de connaissance, que ce soit par sa nature de tableau, de mise en avant d'une chose représentée, ou tout simplement par l'objet et l'image matérielle en tant que tels. Le tableau est cependant un dispositif de connaissance bien particulier. Il est la représentation d'une image, une vision déformée ou non de la réalité. [...]
[...] Nous verrons d'abord en quoi le tableau peut être considéré comme étant par essence un lieu de données et d'interaction avec le spectateur et donc dispositif de connaissance. Nous nous intéresserons ensuite à l'apport particulier dans la finalité de la connaissance que peut apporter le tableau. Nous verrons enfin les limites du tableau en tant que dispositif de connaissances et en quoi d'autres vecteurs peuvent le compléter. Tout tableau se caractérise par les bordures qui le délimitent. Que ce soit le cadre physique qui met clairement en évidence ce qui est représenté comme distinct de l'endroit où il se situe, ou le cadre intellectuel que place un individu en séparant une image de l'intégralité d'une scène. [...]
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