L'esthétique fascine autant par son évolution fulgurante que par ses débats polémiques. Habituellement entendue comme la philosophie de l'art et/ou du Beau, l'esthétique est en fait un domaine philosophique récent. En effet, dans son usage actuel, « l'invention » de ce terme remonte au 18e siècle, et est attribuée au philosophe allemand Baumgarten dans son ouvrage leibnizien Aestetica. Or, il existe plusieurs essais antérieurs à celui-ci portant sur le goût, le Beau et tout ce qui entoure l'art démontrant qu'il y avait tout de même bel et bien existence d'un discourt porté sur les arts avant la création de l'esthétique en tant que telle. On a qu'à penser aux dialogues du Phèdre et de l'Hippias Majeur de Platon pour constater l'ancienneté du discourt esthétique. Ce qu'on remarque, c'est que le Beau et l'Art occupent des places prépondérantes dans ce discours se chevauchant malgré leurs différences intrinsèques. Certains philosophes diront que le domaine du Beau est plus vaste que celui de l'Art, regroupant les Beautés naturelles autant que celles issues d'ouvrages et de techniques artistiques. Bref, la Beauté peut s'appliquer à tout étant en tant que tel, à la vie au sens le plus simple de terme ainsi qu'à des actions. D'autres penseurs soutiennent plutôt que le monde de l'Art demeure plus vaste, car il inclut le genre du Laid, le Sublime, la Démesure et le Chaotique. Ayant tournée le dos à la Beauté, la modernité a démontré que l'art peut aisément ne pas être Beau, englober d'autres facteurs et ainsi parvenir par-delà le Beau. L'art explose et n'est plus simplement défini en terme de Beauté; il est conceptuel, événementiel, performatif...
Le travail suivant se penchera sur le concept du Sublime en esthétique, concept ayant fait couler beaucoup d'encre particulièrement à l'époque des Lumières.
[...] Burke et Kant ont participé chacun à leur manière à la formation de la notion du Sublime, malgré leurs divergences de fond par rapport au concept. Car bien qu'ils s'entendent sur plusieurs éléments caractéristiques préalables du sublime, par exemple sur la grandeur, la splendeur, la distance du sujet par rapport à l'objet sublime ainsi qu'à la sécurité comme condition sine qua non de son apparition ; il est clair que les deux auteurs ne partagent pas le même intérêt pour le concept. En effet, Burke reste dans l'immanence de l'expérience sensible alors que Kant la rend transcendantale et l'analyse dans une optique métaphysique (...)
[...] En effet, cette opposition des plaisirs, essence du Beau et de la douleur, essence du Sublime, justifie la différenciation de deux catégories esthétiques. Pour Burke, le plaisir associé à la beauté effectue un effet relaxant sur les fibres du corps alors qu'au contraire, le Sublime fait se resserrer ces fibres. The ideas of the sublime and the beautiful stand on foundations so different, that it is hard, I had almost said impossible, to think of reconciling them in the same subject, without considerably lessening the effect of the one or the other upon the passions. [...]
[...] Certains philosophes diront que le domaine du Beau est plus vaste que celui de l'Art, regroupant les Beautés naturelles[1] autant que celles issues d'ouvrages et de techniques artistiques. Bref, la Beauté peut s'appliquer à tout étant en tant que tels, à la vie au sens le plus simple de terme ainsi qu'à des actions. D'autres penseurs soutiennent plutôt que le monde de l'Art demeure plus vaste, car il inclut le genre du Laid, le Sublime, la Démesure et le Chaotique. [...]
[...] Est sublime ce en comparaison de quoi tout le reste est petit. Le sentiment produit par celui-ci introduit un mouvement ébranlant l'imagination ainsi que la raison, déstabilisant l'harmonie dans un mouvement chambranlant le sujet et rendant le Sublime informe autant qu'infini. Le Sublime fait violence à l'imagination, il serait donc inapproprié de lui accorder une finalité. De surcroit, le Sublime se différencie du Beau de par le plaisir retiré à son contact. En effet, on comprend que le plaisir relié au Beau provient directement du désir d'épanouissement alors que pour le Sublime, un plaisir en est retiré de manière indirecte et paradoxale. [...]
[...] London p 36 [12]BURKE, Edmund. On the Sublime, ed J.T. Bolton. 113-114 BURKE, Edmund. A Philosophical Enquiry into the Origin of Our Ideas of the Sublime and Beautiful. London Voir Annexe The burning of the Houses of Parliament KANT, Emmanuel. Critique de la faculté de juger, traduit et introduit par Alexis Philonenko, Édition Vrin, Paris p KANT, Emmanuel. Critique de la faculté de juger, traduit et introduit par Alexis Philonenko, Édition Vrin, Paris p 113. JIMENEZ, Marc. [...]
[...] Car bien qu'ils s'entendent sur plusieurs éléments caractéristiques préalables du sublime, par exemple sur la grandeur, la splendeur, la distance du sujet par rapport à l'objet sublime ainsi qu'à la sécurité comme condition sine qua non de son apparition[21]; il est clair que les deux auteurs ne partagent pas le même intérêt pour le concept. En effet, Burke reste dans l'immanence de l'expérience sensible alors que Kant la rend transcendantale et l'analyse dans une optique métaphysique. S'intéressant tout au long de son œuvre à la notion de Sublime, Kant adopte une démarche entièrement différente de celle de Burke. En effet, plutôt que de déterminer l'origine de ce sentiment, il s'agit davantage pour lui de le légitimer. [...]
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