[...] La vérité de l'intention, est-ce l'acte, thèse prônée par Hegel ou est-ce l'intention qui est la vérité de l'acte, concept emportant l'affirmation de Kant? Si la moralité tient à la pureté de l'intention reprise par la volonté, n'est-il pas évident que la vérité d'un acte se trouve dans l'intention ? Que serait en effet un acte sans intention : rien d'autre qu'un mécanisme ? Si l'on se fie à notre instinct, il nous est impossible d'envisager qu'une bonne intention puisse finalement être la clé de l'enfer. C'est également la thèse que prône Kant, selon laquelle seule l'intention secrète des âmes compte : "et alors même que la bonne intention, dans son plus grand effort, n'aboutirait à rien, elle n'en brillerait pas moins qu'un joyau de son éclat propre, comme quelque chose qui porte en soi sa valeur toute entière." Selon lui, l'action accomplie conformément au devoir et à la bonne volonté, n'étant aucunement intéressée, est la plus précieuse. Depuis notre plus jeune âge, on s'efforce de nous faire comprendre que, si l'intention nous poussant à tel ou tel acte est bonne, et que l'acte en résultant à des conséquences néfastes, voire catastrophiques, tout ce que nous avons voulu faire est le bien, et que nous ne pouvons être mis en cause pour ce malheureux concours de circonstances qui, sans que nous ne l'ayons calculé au préalable, ruine tout ce qu'il y aurait pu y avoir de bon dans l'acte. Ne dit-on pas "nul n'est censé avoir voulu faire une bêtise." ? Ou encore "c'est l'intention qui compte", lorsque l'on nous offre un cadeau exécrable, mais qui part d'un bon sentiment, un présent sur lequel la personne comptait pour nous faire plaisir, à l'occasion d'un anniversaire par exemple ? Car, si l'on se mettait à se plaindre, à reprocher à l'autre d'avoir choisi un objet d'une couleur si affreuse ou un vêtement si mal taillé, ce serait tout de même injuste, et immoral. Finalement, celui qui cause le malheur ou encore la déception ne peut être qualifié de moralement méchant, tant que son acte part d'une bonne intention. De même, une action tout à fait bonne et charitable peut être basée sur une intention sournoise, voire mauvaise ; ainsi, toutes les personnalités, aujourd'hui, se ruent pour s'engager dans ce que l'on nomme communément des "bonnes causes", aider les gens dans le besoin, créer des associations pour défendre telle ou telle idée, et finissent d'ailleurs souvent par atteindre leur but, du moins aux yeux du public (...)
[...] Ou encore ‘c'est l'intention qui compte', lorsque l'on nous offre un cadeau exécrable, mais qui part d'un bon sentiment, un présent sur lequel la personne comptait pour nous faire plaisir, à l'occasion d'un anniversaire par exemple ? Car, si l'on se mettait à se plaindre, à reprocher à l'autre d'avoir choisi un objet d'une couleur si affreuse ou un vêtement si mal taillé, ce serait tout de même injuste, et immoral. Finalement, celui qui cause le malheur ou encore la déception ne peut être qualifié de moralement méchant, tant que son acte part d'une bonne intention. [...]
[...] ] puisqu'il est évident que la même chose peut être faire par des motifs tout différents.' Bourdaloue, Sur le jugement téméraire II. On ne peut ainsi juger une personne, par exemple, à son simple respect de la loi, et même si loi nous inspire morale, il n'en est rien, et maintes actions non-conformes à la loi peuvent être garanties morales. Par exemple, imaginons que vous voyagiez dans un pays étranger ou des lois ségrégatives sont en rigueur : sera-t-il moral de respecter les lois, ou, au contraire, de s'en démarquer et de clamer haut et fort à quel point cela vous semble injuste ? [...]
[...] Un homme moral doit se préoccuper des conséquences de ses actes, sans quoi il ferait preuve d'une certaine inconscience, d'irresponsabilité, et il ne serait plus, à proprement dire, un homme moral. Il s'agit ainsi de marquer la différence entre l'éthique de conviction et l'éthique de responsabilité, distinction classique du sociologue allemand Max Weber. L'éthique de conviction correspond à celui qui n'agit que selon les fondements de son éthique ; l'éthique de responsabilité rime avec l'attitude de celui qui suit les règles de la morale, mais qui prend en compte les conséquences de ses actes, si bien qu'il n'agira jamais sous prétexte que, si son intention est bonne, l'acte en découlant sera forcement bon. [...]
[...] La moralité d'une attitude se révèle cependant par les actes. Certes, être responsable et réfléchi au sujet de ses actes est une chose ; il est d'ailleurs nécessaire, comme nous en avons parlé précédemment, de prendre en compte les conséquences de ses actes avant de faire quoi que ce soit puisque, comme nous l'avons étudié, les meilleures intentions peuvent conduire au pire. Mais il n'y a que les actes qui révèlent la réalité d'une intention ; en effet, l'intention n'est que l'état théorique de l'action, figurant ainsi comme état pratique. [...]
[...] Pour être un Homme moral, il ne suffit aucunement d'avoir de bonnes intentions, condition nécessaire mais non suffisante à un acte bon ; il faut agir en conséquence, sans avoir peur d'affronter telle ou telle difficulté, et il faut surtout éviter la passivité, la velléité, pour reprendre le terme de Kant, dans laquelle le manque d'assurance peut nous plonger. La réalité de l'intention se trouve en effet dans l'action, et c'est dans l'épreuve que nous révélons, en tant qu'Hommes, nos réelles qualités morales. Quoi qu'il en soit, il est impossible de contrôler totalement ses actes, par lesquels nous finissons toujours par être dépassés : il faut donc se lancer, lutter pour atteindre le bien ; une intention ne sera jamais que ce qu'est la pensée à l'écriture : une étape abstraite. [...]
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