Les problèmes de l'éducation, qu'elle soit familiale ou nationale, ne cessent de nous interroger parce qu'il en va du vivre ensemble. Dire de quelqu'un qu'il manque d'éducation c'est toujours d'une certaine manière le stigmatiser comme barbare. Le barbare ou le sauvage c'est l'homme qui manque d'humanité. Si tout peut s'éduquer, le corps et les sens comme l'esprit et le goût, c'est que l'éducation est ce par quoi se forme l'humain qui n'est pas achevé par la nature.
Toutefois si éduquer veut dire former l'homme, force est de constater que l'homme n'existe pas au sens où il ne se rencontre nulle part. Ce que l'expérience montre c'est toujours des hommes dans leurs irréductibles différences : tous éduqués mais tous différents. De ce point de vue si l'espèce humaine est une, l'éducation la rend multiple, enracinée dans des particularités culturelles. Eduquer voudrait alors dire conformer à une façon particulière de vivre (...)
[...] C'est au fond l'éducation idéale telle que la pensaient les pères de la philosophie occidentale Socrate et Platon. Eduquer c'est rendre meilleur, non pas au sens du plus fort dans le monde tel qu'il va, mais au sens de celui qui aspire à la vérité et à la justice. Dans l'allégorie de la caverne au LVII de la République. Platon montre la difficile ascension d'un homme libéré de ses chaînes sous la conduite d'un éducateur. L'homme enchaîné peut être interprété comme l'homme soumis à l'ordre social par l'effet de l'héritage culturel, première éducation indispensable. [...]
[...] Un des premiers mots qu'apprennent les enfants est non parce que c'est le mot le plus fréquemment prononcé. Etant naturellement inachevé, l'homme n'est pas réglé par la nature, il faut donc le protéger des dangers qui le menace de l'extérieur (comme le petit animal dont la mère prend soin) mais surtout de l'excès qui le menace de l'intérieur de lui-même. Parce qu'il n'a pas de limites, l'homme est l'être de la démesure, ce que les grecs appelaient l'hubris et que les tragédies mettent en scène par opposition au monde réglé des dieux ou de la nature. [...]
[...] Toutefois s'il ne s'agit d'abord que de donner des habitudes, l'éducation n'est-elle pas alors un simple élevage, un peu plus complexe que celui des chiens mais dont l'élément central serait le dressage ? Donner au bon moment les bonnes habitudes pour que chacun puisse prendre place dans la société et donner sa contribution à sa perpétuation ? En effet qu'est-ce qu'une habitude ? C'est une manière d'être et de se comporter que l'on fait sans même y penser. C'est justement parce qu'on n'y pense pas que l'action est efficace et peu coûteuse en concentration. Mais alors qu'elle différence avec l'instinct ? [...]
[...] C'est le simple constat qui fait qu'un homme est imprévisible. Capable du meilleur comme du pire, seul l'avenir le dira. La possibilité même de l'excès dans le mal est encore la marque d'un être libre. C'est en creusant cette idée que Sartre dans l'existentialisme est un humanisme dit de l'homme qu'il est un projet au sens où il n'est d'abord rien de défini à la naissance et qu'il a à se définir par ses actions. Il a à se faire et c'est en faisant qu'il se fait. [...]
[...] Et s'il y a une seule espèce humaine, force est de constater qu'il y a des cultures, c'est-à-dire des conceptions du monde et des façons d'y vivre multiples qui changent dans l'espace géographique et dans le temps de l'histoire. Si tout homme doit être éduqué, c'est l'universel de la condition humaine, le contenu de cette éducation varie offrant le spectacle réjouissant d'une multitude de visions du monde. Chaque culture produit des hommes différents qui ont tous la capacité de parler mais parlent des langues différentes, ils pensent le monde mais différemment, ils distinguent le bien du mal mais différemment de telle façon que les hommes semblent plutôt s'opposer que se ressembler. [...]
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