Les échanges sont-ils un rempart contre la violence ?

Résumé du document

On échange très rapidement, on communique très bien. On définit le langage par un système de signes qui s'oppose au code de signaux. Cette dimension des échanges est abordée dans le cours sur le langage. Ici, les échanges désignent un processus de nature économique : on se défait de quelque chose car on en attend quelque chose en retour.

En cela, l'échange s'oppose au don où l'on n'attend rien en retour. Il est toutefois souvent fait, selon les psychanalystes, les ethnologues, dans l'attente d'une contrepartie : nous ne sommes, dans cette perspective, pas si désintéressés que nous sommes supposés l'être (...)

Extraits

[...] Les rapports marchands sont notre façon d'entretenir la violence (Karl Marx) Marx considère les échanges comme menant à l'aliénation, c'est-à-dire à la perte de l'essence au profit de l'apparence. Autrement dit, tout peut devenir marchandise, y compris moi-même. Dans cette perspective, je perds mon humanité, les rapports humains sont donc par conséquent faussés et dénaturés. Pour Marx, l'argent modifiait les rapports humains en faisant disparaître le sujet. Non seulement je traite les autres comme des choses, mais je me traite moi-même comme un objet d'échange. Notre rapport à l'autre se fait donc entre choses ; d'où une augmentation de la violence de pas la dévalorisation de l'humain. [...]

[...] Dans les échanges économiques, la violence est quelque chose qui permet de transformer la nature de la force qui s'exerce. Comment dès lors, cette transformation est-elle possible ? Un tel sujet présuppose que la violence soit un type de rapport que nous entretenons les uns envers les autres ; autrement dit, que c'est une opposition de fait entre les individus. On présuppose également que le calcul d'intérêt interagit avec la violence et qu'il endigue les conflits entre les individus. Enfin, elle présuppose que l'on ne peut compter ni sur notre capacité à l'autarcie, ni sur la prodigalité du "prochain" (c'est-à-dire la charité envers un mendiant par exemple). [...]

[...] Aristote distingue ici une "bonne" chrématistique, c'est-à-dire un bon usage de l'argent qui me permet d'épargner, d'investir et de me libérer du troc, d'une "mauvaise" chrématistique qui détache la valeur des choses de leur utilité. Les interventions sur les échanges conduisent à des rapports inégalitaires et illégitimes entre les hommes. Les limites de l'échange tiennent au fait que certaines choses ne m'appartiennent pas et que je ne peux me défaire de certaines choses. Cela va nous conduire à réfléchir à la notion de propriété (qui passe par l'achat par le biais de l'argent obtenu par le travail ou les dons). [...]

[...] Les échanges doivent conduire à la paix. Cela présuppose donc encore des règles (le mien / le tien) et une entente sur la valeur (et les règles précédentes). De cette façon-là, le commerce, par le fait de créer un espace commun, crée un marché et instaure ainsi des relations pacifiques entre ses différents acteurs. Cependant si l'on conteste l'idée de "rempart", on peut dans ce cas-là parler d'une nouvelle forme de violence qui œuvre à l'intérieur même des échanges ; il y a "guerre économique", "conquête", "territoire", "concurrence déloyale" ou même "impérialisme économique " Les échanges constituent donc une façon insidieuse de maintenir des rapports violents ; la preuve en est que l'on emploie un vocabulaire guerrier pour désigner les échanges économiques. [...]

[...] Les Échanges On échange très rapidement, on communique très bien. On définit le langage par un système de signes qui s'oppose au code de signaux. Cette dimension des échanges est abordée dans le cours sur le langage. Ici, les échanges désignent un processus de nature économique : on se défait de quelque chose car on en attend quelque chose en retour. En cela, l'échange s'oppose au don où l'on n'attend rien en retour. Il est toutefois souvent fait, selon les psychanalystes les ethnologues, dans l'attente d'une contrepartie : nous ne sommes, dans cette perspective, pas si désintéressés que nous sommes supposés l'être. [...]