Dans nos sociétés modernes où la logique marchande investit de plus en plus les sphères de la vie sociale, la persistance du don peut surprendre et invite dès lors à s'interroger sur sa finalité. En effet, le don, contrairement à l'échange, est une action désintéressée de dépouillement d'un bien pour l'offrir à autrui. Il obéit à la loi changeante du sentiment et n'implique pas la réciprocité. A l'inverse, l'échange, qu'il soit commercial ou affectif, s'inscrit dans une logique marchande et intéressée. Il s'appuie sur une réciprocité réfléchie et concertée. Le don, de par sa définition, apparaît comme un acte gratuit, c'est-à-dire sans attente d'une contrepartie. Ainsi, la formulation du sujet est étonnante puisqu'elle invite à faire le lien entre ces deux notions radicalement opposées de par leur logiques et leurs finalités respectives. Dans quelle mesure peut-on parler de gratuité du don ?
[...] Le don peut-il être gratuit ou n'est-il qu'une forme de l' échange ? Dans nos sociétés modernes ou la logique marchande investit de plus en plus les sphères de la vie sociale , la persistance du don peut surprendre et invite dès lors à s'interroger sur sa finalité. En effet, le don contrairement à l'échange est une action désintéressée de dépouillement d'un bien pour l'offrir à autrui. Il obéit à la loi changeante du sentiment et n'implique pas la réciprocité. [...]
[...] L'exemple de la charité notamment chrétienne s'inscrit dans cette logique : le don doit se faire dans une totale discrétion et par pur désintéressement personnel. Le don est d'autre part l'acte gratuit qui permet de témoigner à autrui sa compassion, son humanité. Il permet au donneur d'accomplir son humanité à travers le caractère solidaire du don . Ainsi, le don d'organe ou le don de sang de par leur caractère anonyme et vital illustre cette idée d'une fraternité gratuite . [...]
[...] Enfin, le don peut être assimilé à l'échange affectif avec autrui . Le don peut se réaliser dans une démarche non pas de recherche de reconnaissance mais d'une simple volonté de rapprochement affectif avec le receveur . Ainsi, le sentiment amoureux peut illustrer cette idée puisque l'amour passion manifeste un désir de posséder l'être aimé . D'autre part le don peut être intéressé indirectement même si son fondement est altruiste : c'est le cas du don de son corps à la science dans un souci de faire progresser l'humanité. [...]
[...] A la suite de cette analyse, il apparaît que le don, d'essence gratuite est paradoxalement une certaine forme de l'échange. Ces deux notions longtemps jugées antinomiques semblent être liées par un désir plus ou moins conscient de réciprocité . Cependant , si don et échange sont liés , le don apparaît comme l'une des formes les plus nobles de l'action humaine non éloigné de la logique Kantienne de l'action désintéressée réalisée par pur respect . De nos jours, la tendance au culte de la personnalité a quelque peu détournée le don de son essence , il est aujourd'hui facteur de reconnaissance sociale et moyen de créer une dépendance, reconnaissance plus ou moins implicite du receveur . [...]
[...] Le don est ainsi un acte réalisé gratuitement s'opposant donc à la logique marchande de l' échange. Il n'a pas de finalité déterminée et n'est pas issu d'un calcul stratégique mais relève de la contingence. On pourrait le qualifier d'humaniste en ce qu'il découle d'un altruisme désintéressé . Bien qu'indépendant de tout mobile intéressé, le don comme l'échange implique une réciprocité plus ou moins consciente. Le don peut apparaître comme une obligation sociale , la finalité étant l'intégration au groupe par le respect de ses normes. [...]
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