« Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler / Je sentis tout mon corps et transir et brûler » explique honteuse Phèdre à Oenone après lui avoir avoué son amour pour Hyppolite. La reine est un personnage contradictoire, qui souffre, qui se meurt au début de l'oeuvre. Elle est écartelée entre une passion qui s'oppose à toute raison et une raison qui la ramène à l'interdit de sa passion et qui lui offre la claire conscience d'elle-même et une grande lucidité.
Il est alors possible de se demander quel est le rôle de la raison chez l'être humain. Phèdre se laisse mourir parce que la sienne lui interdit d'aimer ; elle la retient cependant de se livrer corps et âme à un amour criminel. La raison s'oppose ici à la passion, à la sensibilité, mais quel rôle chacune de ces deux notions joue-t-elle en nous-même ? La raison est ce qui nous guide vers ce que nous devons faire, elle nous permet de comprendre le monde, de l'expliquer, elle nous permet de rester lucide, mais elle peut aussi être une source de souffrance. Elle pourrait alors apparaître comme repoussante, bien qu'ayant été idéalisée par les rationalistes. La perception s'y oppose, mais peut aussi sembler nécessaire ; peut-on alors se passer de la raison ?
S'il est possible de démontrer qu'elle est un apport incontestable à l'être humain et si elle se révèle nécessaire dans certaines situations, nous pouvons aussi constater que des facteurs l'empêchent d'être toujours présente en nous et que la place qu'elle prend dépend de chacun de nous, que la sensibilité peut la remplacer ; nous pouvons ainsi nous demander si le plus important ne serait pas d'arriver à concilier les deux et à trouver le juste équilibre entre raison et perception.
I] La raison nécessaire à l'homme
Le rapport au monde peut s'effectuer de diverses façons. Le premier que nous puissions avoir, c'est de le ressentir, de le percevoir. Nous sentons que nous avons froid, mais ce n'est pas forcément la réalité dans les faits. La raison peut alors nous apporter des éclaircissements, elle nous permettra de voir les événements tels qu'ils sont et non tels que nous les vivons, c'est elle qui nous permettra de prendre du recul par rapport à ce qui nous entoure et elle apparaît alors nécessaire pour ne pas se laisser écraser par ces événements. Grâce à elle, nous pouvons y réfléchir, nous pouvons les analyser et non plus seulement les subir. Elle peut nous permettre de contrôler certaines de nos émotions et de lutter contre. La souffrance est ainsi un ressenti que nous ne décidons pas, qui nous est désagréable et qui nous fait mal ; la raison peut nous permettre d'en comprendre les causes et ainsi de travailler dessus et de l'atténuer. (...)
[...] La perception s'y oppose, mais peut aussi sembler nécessaire ; peut-on alors se passer de la raison ? S'il est possible de démontrer qu'elle est un apport incontestable à l'être humain et si elle se révèle nécessaire dans certaines situations, nous pouvons aussi constater que des facteurs l'empêchent d'être toujours présente en nous et que la place qu'elle prend dépend de chacun de nous, que la sensibilité peut la remplacer ; nous pouvons ainsi nous demander si le plus important ne serait pas d'arriver à concilier les deux et à trouver le juste équilibre entre raison et perception. [...]
[...] II] Mais il n'est pas toujours possible d'en faire usage Pour des causes propres à ce qu'est l'être humain, il arrive cependant que la raison rencontre des oppositions que nous ne contrôlons pas toujours. Les sophistes disaient que l'homme était à la recherche des plaisirs, ce qui le rapprochait de l'animal ; la raison serait alors absente. Nous répondons à des instincts, nous buvons lorsque nous avons soif, nous fuyons devant le danger parce que nous pensons que notre survie en dépend. S'il est souvent primaire, l'instinct peut même parfois dépasser la raison. [...]
[...] Celle-ci peut entraîner des souffrances, notre raison les refusera, pourra nous dire qu'elles sont trop fortes et disproportionnées par rapport à ce qui les provoque, mais notre sensibilité nous dira le contraire et activera cette souffrance, pouvant nous conduire jusqu'à la folie. Il serait possible de vivre fou et sans raison si cela ne dépendait que de nous, mais les troubles mentaux restent un sujet tabou dans la société qui conditionne ce que nous devons être. Une personne folle pourra avoir un comportement qui lui semblera sensé mais qui apparaîtra inacceptable au regard de la norme et du sens commun et qui sera inadapté à la société, elle sera souvent mal comprise. [...]
[...] Elle est, selon Descartes, indispensable à la compréhension du monde, elle est omniprésente. Notre nature même nous incite à comprendre, elle incite l'homme à rechercher les causes de ce qu'il voit. Elle est de plus indispensable pour certaines actions du quotidien. C'est, d'après Platon, ce qui permet de mener une action avec justice, et elle sert dans ces cas-là à distinguer ce que nous ressentons et à la mettre de côté pour laisser parler notre pensée. Il semble impossible de réaliser un procès équitable sans l'usage de la raison. [...]
[...] Peut-on se passer de la raison ? INTRODUCTION Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler / Je sentis tout mon corps et transir et brûler explique honteuse Phèdre à Oenone après lui avoir avoué son amour pour Hyppolite. La reine est un personnage contradictoire, qui souffre, qui se meurt au début de l'œuvre. Elle est écartelée entre une passion qui s'oppose à toute raison et une raison qui la ramène à l'interdit de sa passion et qui lui offre la claire conscience d'elle-même et une grande lucidité. [...]
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