Dissertation de Philosophie ayant pour sujet : "L'inconscient est-il un destin ?".
[...] Parmi eux les détracteurs d'un éventuel déterminisme exercé par l'inconscient, Descartes le premier considérait qu'il n'y avait pas de pensées inconscientes. Comme lui, Alain et Sartre refuseront l'idée de toute forme de déterminisme inconscient. Pour eux, l' inconscient psychanalytique n'est qu'un mythe : ce dont on n'a pas conscience est physiologique (relevant du corps), il s'agit d'un inconscient somatique qui n'a rien de déterminant. Sartre avance même que l'inconscient n'est que la mauvaise foi de notre conscience, et s'acharnera à démontrer dans ses ouvrages que nous sommes capables de nous mentir à nous même. [...]
[...] Par conséquent, ne peut-on pas douter d'un concept qui déresponsabilise à ce point l'homme et ne fait de lui que le jouet d'un destin ? Au fond, admettre l'inconscient, n'est-ce pas rendre vain tout effort de lucidité ? Notre expérience quotidienne la plus personnelle nous met en présence d'idées qui viennent sans que nous en connaissions l'origine, et de résultat de pensée dont l'élaboration nous est demeurée cachée. disait Freud. Il arrive en effet que nous nous interrogions sur l'origine de nos pensées. Y aurait-il en nous des pensées inconscientes ? ça pense en moi disait le médecin et psychanalyste français Jacques Lacan. [...]
[...] Si l'inconscient nous gouverne, nous ne sommes pas responsables de nos actes. Comment pourrait-on être responsable de ce dont on n'a pas conscience ? Or comment juger un criminel quand on sait que son crime n'est que le produit d'opérations inconscientes non maîtrisées par le sujet, et dont il ne peut pas répondre, par conséquent. La plus simple stratégie de défense au cours d'un procès serait alors de dire : Ce n'est pas moi, c'est mon inconscient. Dans cette logique, difficile d'appliquer la justice. [...]
[...] Elle ignore l'essentiel. Le libre-arbitre n'est qu'une illusion générée par la conscience : parce que nous avons conscience de nos désirs, nous croyons avoir un pouvoir sur eux. La conscience se prend pour cause première et invoque son pouvoir sur le corps. Or, il n'est rien que les hommes puissent moins que de gouverner leurs appétits et leurs désirs. Nous croyons choisir alors que nous sommes déterminés. Spinoza pense que nous sommes identiques à une pierre qui tombe et qui, prenant conscience de sa chute, croirait que son mouvement est spontané. [...]
[...] Au fond, on pourrait symboliser le problème ainsi : l'esclave qui sait qu'il est esclave est-il plus libre que l'esclave qui s'ignore ? L'exploration psychanalytique de l'inconscient ne nous permet peut-être pas d'agir comme bon nous semble, mais au moins d'agir en connaissance de cause ou plutôt, en connaissance des causes qui nous font agir. Il est intéressant de noter que chez Spinoza, la liberté n'est pas synonyme de libre-arbitre mais d'adhésion à la nature, de connaissance. Cela rejoint ce que nous disions plus haut : dans la logique d'un inconscient déterminant, la seule liberté qu'il nous reste est la connaissance, la connaissance de cet inconscient, donc de nous-mêmes. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture