Est-il difficile d'être heureux ?

Résumé du document

Par son caractère privé, individuel, personnel, la recherche du bonheur manifeste une certaine difficulté, puisque nous ne pouvons nous fier qu'à nous-mêmes pour savoir ce qui pourrait réellement nous rendre heureux. Il n'y a pas de règles pour être heureux. La difficulté est d'abord technique puisqu'il s'agit de maîtriser les moyens empiriques susceptibles de satisfaire nos désirs. On peut alors d'autant plus s'étonner d'entendre ces personnes qui possèdent la plupart des instruments du bonheur (richesse, amour, santé, etc.), regretter d'avoir réussi dans la vie sans pour autant s'estimer heureux, sans parvenir à une satisfaction durable.

Mais justement, si l'existence sociale rend effectivement possible la satisfaction de nos désirs, faisant du bonheur une affaire d'habileté, de calcul, d'intérêt bien compris, il reste que le bonheur est une fin supérieure, valable en elle-même, que l'on ne saurait confondre avec le plaisir, ou tout autre satisfaction empirique. En tant que f,rn, le bonheur revêt même un sens moral qui s'oppose radicalement à toute volonté intéressée. La définition pragmatique du bonheur semble alors venir contredire cette aspiration typiquement humaine à un ordre si différent de l'ordre ordinaire des choses strictement empiriques (...)

Extraits

[...] De ce point de vue, le lien entre le traurnatisme et la création a souvent été souligné. Le désir de créer est inséparable de 1a réflerion sur ce qui conduit un mouvement pulsionnel à être sublimé plutôt que refoulé. Le modèle de la création est sans doute le jeu de l'enfant qui est déjà une mise en scène et une mise en forme du fantasme. Mais beaucoup d'artistes et de théoriciens sont d'accord pour dire que l'art procède d'un trauma et réorganise la possibilité de vivre et jouir à partir de la détresse. [...]

[...] Il n'y a pas de règles pour être heureux. La difficulté est d'abord technique puisqu'il s'agit de maîtriser les moyens empiriques susceptibles de satisfaire nos désirs. On peut alors d'autant plus s'étonner d'entendre ces personnes qui possèdent la plupart des instruments du bonheur (richesse, amour, santé, etc . regretter d'avoir réussi dans la vie sans pour autant s'estimer heureux, sans parvenir à une satisfaction durable. Mais justement, si l'existence sociale rend effectivement possible la satisfaction de nos désirs, faisant du bonheur une affaire d'habileté, de calcul, d'intérêt bien compris, il reste que le bonheur est une fin supérieure, valable en elle-même, que l'on ne saurait confondre avec le plaisir, ou tout autre satisfaction empirique. [...]

[...] Or, en faisant de la satisfaction de nos désirs (et donc du plaisir qui en résulte) la fin de l'action - alors qu'elle n'est qu'un moyen - I'individu perd de vue son intérêt véritable. L'incapacité qui est la nôtre d'atteindre, sur le plan empirique, 1'objet véritable de notre désir, c'est-à-dire cette hn suprême qu'est le bonheur (puisqu'il s'agit d'un idéal indéterminé bien plus qu'une idée claire et distincte), engendre en nous un vide avide d'être comblé et toujours renaissant. Pour le dire autrement, si le bonheur est ie bien souverain, parfait et complet, ce n'est pas par I'accumulation de plaisirs qu'il peut se défrnir. [...]

[...] Est-ce le plaisir ou le bien moral ? On le voit, le bonheur n'est qu'un ( concept indéterminé > (Cf. Kant, Fondement de la métaphysique des mæurs,2'section) : venir et d'autre part le caractère ( purement empirique > de nos connaissances en ce qui conceme du bonheur, c'est-à-dire les moyens d'être heureux (ibid.). [...]

[...] Ce que montre Frerrrl n'pcf nle I'art n'est paS Simplement fantaSme maiS fOrme SgsCeptible de Créer par Ia sublimation une apparence qui est satisfaction réelle tout en étant illusion délibérée (le théâtre). Ainsi. l'art s'offre comme le modèle de la jouissance sublimatoire. Le plaisir de l'æuvre est rencontre c1e soi dans la création d'un autre, monde transitionnel, plutôt que simplement expressif : l'opposition entre le moi et I'autre, entre le sujet et I'objet, entre f intériorité et I'extériorité s'abolissent pour un temps. [...]