Le sujet nous questionne si l'on doit apprendre à devenir soi-même. Une question qui semble à première vue étrange car dès ma naissance, je suis déjà moi-même différent des autres et je le reste toute ma vie. Comment donc, pourrait-on devenir soi-même, ce qui implique qu'au départ on ne l'est pas encore...
[...] On peut alors prendre ici le parallèle avec un t-shirt. Il est à moi mais je peux le changer comme je veux pour être le personnage que je veux. Mais alors, ce moi-même que je suis supposé être se présente maintenant comme un devenir constant et de ce fait, il faut peut-être apprendre, effectivement. Cependant, on pourrait objecter que si je joue un personnage, c'est que justement il n'est pas moi donc ce moi est différent de mon caractère mais aussi de tous ce personnages de substitution. [...]
[...] Ce n'est pas tout puisque le sujet insinue qu'on devrait apprendre à devenir soi-même. Or on ne peut apprendre qu'avec une influence extérieure. Ainsi, comment peut-on être soi-même si on est un reflet de l'extérieur ? De plus, on nous demande si on doit et non pas si on peut devenir soi-même ce qui donne au sujet une coloration morale (avec le verbe devoir) et pas seulement psychologique ce qui peut sembler singulier puisque les problèmes d'identité, du fait d'être soi-même, etc., relève du psychologue plutôt que du philosophe. [...]
[...] Par exemple, par l'éducation, on peut apprendre à être poli mais si j'ai un caractère agressif la politesse le recouvre sans le faire disparaître et je perdrai patience plus facilement que quelqu'un de placide. D'ailleurs le proverbe Chassez le naturel, il revient au galop montre bien cette idée. Tout d'abord, être soi-même, c'est une banalité. J'ai un caractère physique ou moral qui me définit et me différencie des autres. Il n'y donc aucun besoin de l'apprendre puisqu'il m'a été donné à la naissance. Toutefois, il suffit d'examiner sa propre expérience pour voir que cette définition est insatisfaisante. [...]
[...] Tout cela s'apprend, et me permet de développer indéfiniment ce moi-même qui n'est jamais moi afin d'être mieux moi-même. En définitive, on tend à être soi-même sans le devenir. De plus, si être moi-même c'est être libre, on se retrouve alors dans une quête sans fin qui nous ramène d'ailleurs à un paradoxe : pour devenir libre, il faut déjà être libre sans quoi on n'y songerait même pas ! Mais alors pourquoi devenir libre, si on l'est déjà ? [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture