Une tradition philosophique condamne le désir dans la mesure où il semble nous condamner à une insatisfaction permanente car à peine comblé, il se déplace sur un nouvel objet, de sorte que pour lui, comme l'affirme Heidegger, tout « assez » est un « jamais assez ». Ce cercle infernal menant de la souffrance du désir à l'ennui de la satisfaction jusqu'à la souffrance d'un nouveau désir, indique que l'on ne peut désirer sans souffrir, mais que l'on souffre de ne pas désirer.
[...] Peut-on alors dire que cette affirmation de soi positive est exempte de toute souffrance ? Enfin, cela nous amène alors à nous interroger sur la possibilité d'une absence de souffrance. Ainsi, à quelles conditions le désir peut ne pas occasionner de la souffrance ? Tout d'abord, il y a le refoulement qui est une opération d'un sujet repoussant dans l'inconscient des représentations (images, souvenirs) liées à une pulsion, lorsque la satisfaction de cette dernière entraînerait du déplaisir par rapport à d'autres exigences. [...]
[...] En effet, celui qui aime l'argent en désirera toujours davantage. Quoi qu'il advienne, il se sentira encore malheureux, parce que celui qui veut être riche ne s'estimera jamais l'être assez pour l'être suffisamment, et sont donc des désirs impossibles à combler et ne nous font connaître que la souffrance de l'insatisfaction et de la frustration. Il convient ainsi de se méfier en prenant garde à ne pas désirer n'importe quoi, en privilégiant les désirs naturels et nécessaires qui ne nous condamnent pas à souffrir, contrairement aux autres. [...]
[...] En effet, il existe une conception du désir extrêmement positive qui en fait une puissance, une force voire des pulsions chez Freud. En ce sens que si j'agit, si j'ai la puissance d'agir, c'est parce qu'il y a du désir en moi. Une absence du désir serait alors synonyme de malheur comme l'affirme Rousseau : Malheur à qui n'a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu'il possède et cette personne serait tout bonnement le dépressif. [...]
[...] En effet, la puissance affective de ces désirs est conservée, contenue. Le rêve qui est selon Freud la voie d'accès royale à l'inconscient est donc une phase de défoulement, peut-on dire, puisque des désirs réprimés s'y expriment. Il y a une compensation onirique à la frustration entraînée par le refoulement. Ainsi, la théorie freudienne permet de comprendre des aspects du rapport entre conscience et inconscience grâce à l'hypothèse d'un inconscient dynamique et autonome. Mais pour éviter ce refoulement, une maîtrise du désir n'est-elle pas souhaitable ? [...]
[...] En effet, le désir peut aussi renvoyer au collectif, à l'humanité, et c'est se qui confère au désir sa dimension utopique. Sans le désir de transformer, les choses ou le monde comment l'être humain pourrait-il entreprendre quoi que ce soit ? [...]
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