Ces quelques pages sur la liberté cartésienne sont redevables de la thèse d'état de Jean-Marc Gabaude, Liberté et raison, la liberté cartésienne et sa réfraction chez Spinoza et chez Leibniz, t.1 : Philosophie réflexive de la volonté ; t.2 : Philosophie compréhensive de la Nécessitation libératrice ; t.3 : Philosophie justificatrice de la liberté ; Publication de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de Toulouse ? Le Mirail.
Je tiens à préciser que cette lecture propose une mise en perspective de la liberté, comme fil conducteur du cartésianisme, et qu'elle est en cela critiquable sur bien des points. En effet, nombreux sont les commentateurs qui tiennent à respecter les contradictions de la lettre cartésienne, plutôt que de les ressaisir dans la cohérence d'un discours, cohérence qu'assurerait justement la liberté (...)
[...] Or, quand volonté et liberté ne sont pas au commencement, il est difficile des les trouver sur son chemin. En outre, et plus fondamentalement, ce serait manquer la liberté que d'être réduit à la démontrer. Une liberté qui ne s'éprouve pas, mais se prouve, tombe dans sa négation : Ce qu'ensuite vous niez au sujet de l'indifférence de la volonté, bien que ce soit chose de soi très manifeste, je ne veux tout de même pas entreprendre ouvertement de vous le prouver, car cela est tel que chacun le doit éprouver en soi-même plutôt que se le persuader par raison. [...]
[...] De fait, la notion d'un libre arbitre impersonnel est aberrante. Le cogito, qui manifeste ce qu'est la substance pensante, incarne une forme personnelle de pensée : Par la pensée donc, je n'entends point quelque chose d'universel qui comprenne toutes les manières de penser, mais bien une nature particulière. Le moi et le libre arbitre sont deux termes qui s'impliquent réciproquement. b. Une res cogitans ou la substance pensante Dans le cogito, Descartes, outre un acte personnel, va mettre en avant la notion de substance ; le sujet réflexif du cogito se connaît d'emblée comme res cogitans, c'est-à-dire comme substance pensante. [...]
[...] 4ème Méd. Lettre à Mesland mai 1644. Lettre à Mersenne avril 1630. Entretien avec Burman. Lettre à Mersenne janvier 1641. [...]
[...] Descartes en fait ne sacrifie rien de ces antagonismes et, à l'inverse d'un Leibniz et d'un Spinoza, il pose d'emblée la liberté humaine quitte à devoir soulever des difficultés dont l'entreprise de résolution n'est qu'orgueil métaphysique entreprise qu'entreprendront les cartésiens ; suivez mon regard Principes, titre de l'art 5ème Réponse, contre la 4ème méd., rép. au 3ème doute. Principes, I Regulae ad directionem ingenii, XII. Nous allons voir dans la suite la distinction que fait Descartes entre volonté et liberté, notamment lorsqu'il distingue plusieurs niveaux de liberté. En tous cas, pour le moment, nous pouvons accepter l'idée que la liberté se donne sous l'espèce d'une nature simple purement intellectuelle telle que la volonté. [...]
[...] Il ne faut donc pas chercher dans l'entendement du Dieu cartésien des raisons d'agir pour sa volonté, pas plus d'ailleurs qu'il ne peut-on dire que Dieu agit sans consulter l'entendement, par pure volonté, car ces interprétations seraient anthropomorphiques. En Dieu, la raison est absolument accomplie par l'identification de l'entendement et de la volonté : la raison est liberté, et celle-ci est raison. C'est la liberté qui totalise et résume les adéquations divines. Il n'y a donc pas d'intervalle entre liberté et volonté. [...]
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