Dissertation de philosophie portant sur Démocrite et Epicure. Pourra-t-on donc dire que les différences entre Epicure et Démocrite sont significatives ou bien secondaires ? Il s'agira d'examiner ces différences point par point afin d'établir la rupture entre Démocrite et Epicure. Ainsi, dans un premier temps, nous pourrons étudier la filiation d'Epicure avec les atomistes, notamment Démocrite, à travers l'affirmation de l'existence du vide et l'explication atomiste du monde ; dans un second temps, nous verrons en quoi consiste la physique atomiste d'Epicure et de Démocrite, grâce à quelques questions comme la conception des atomes, le problème du clinamen, ou encore l'explication des phénomènes physiques sur Terre ; enfin, il s'agira de se pencher sur l'éthique et la théorie de la connaissance chez ces deux auteurs, leur morale visant certes le même but - le bonheur - mais pas de la même manière, et leur connaissance ne se basant pas sur les mêmes critères.
[...] Le clinamen sera finalement une explication à la fois physique qui permettra, malgré le mouvement de chute vertical des atomes, de former des corps de matière, et aussi une explication cosmique de la possibilité qu'a l'homme d'être libre. En effet Epicure n'admet pas que les dieux ou le destin interviennent dans la vie humaine, et nous avons aussi vu qu'il n'accordait pas à la nécessité un rôle déterminant dans ce domaine : l'homme serait libre, et cette liberté serait rendue possible par le mouvement de clinamen des atomes. [...]
[...] C'est ainsi que leur matérialisme peut finalement déboucher sur une éthique, une morale, et une théorie de la connaissance propres à chacun de ces auteurs. (III, La physique développée par Démocrite permet en effet de se débarrasser de la crainte des dieux, car ceux-ci, de la même manière que les hommes ou les phénomènes dans le monde, peuvent s'expliquer par l'atomisme : les dieux, au même titre que les hommes, sont des combinaisons d'atomes passagères et soumises à la nécessité universelle, des combinaisons certes plus stables que les hommes comme les dieux sont éternels, mais des combinaisons d'atomes tout de même. [...]
[...] C'est de cet équilibre que jaillirait un bien-être heureux et impavide, un bien-être néanmoins rigoureux car il exigerait de ne rien faire pour rompre cet équilibre toujours précaire, de par la structure même des atomes (qui sont toujours appelés à se séparer quand ils se regroupent dans un corps) Le bien-être démocritéen serait presque un ascétisme, dont on pourrait dire ainsi : "N'accepte aucun plaisir sauf s'il te convient." Il y aurait dans le monde des structures d'atomes qui nous conviennent et qui nous procureraient du plaisir, les autres structures qui ne nous conviendraient pas, même si elles pouvaient nous apporter du plaisir, doivent être rejetées. Finalement Démocrite pense un idéalisme moral qui n'est pas fonction des biens matériels, il a certes pensé une physique matérialiste, sa conception de la morale reste idéaliste. Ainsi le bonheur selon Démocrite ne dépendra pas d'une satisfaction due à des possessions matérielles, aucun principe matériel ne rendra possible le bonheur. C'est ainsi qu'on attribue à Démocrite le Fragment 171 qui dit : "Le bonheur ne consiste pas dans la possession des troupeaux et de l'or. [...]
[...] A la différence de Démocrite, les "simulacres" d'Epicure ne peuvent pas etre corrompus, ils ne seront donc pas trompeurs et montreront la véritable apparence des corps perçus de cette façon. Enfin Epicure se distingue de Démocrite car il propose plusieurs explications possibles pour un même phénomène alors que Démocrite se limitait à une seule explication. Epicure préfère adopter cette démarche d'explications multiples car il a conscience que nos sens ne sont pas forcément capables de percevoir tous les phénomènes, nous ne voyons pas les atomes bien qu'ils constituent la matière, si bien que pour n'importe quel phénomène, Epicure admet qu'il puisse y avoir d'autres explications que celles qu'il nous propose et qui nous échappe car nos sens ne sont pas capables de concevoir ces explications. [...]
[...] Que penser alors du vide dans le système des premiers atomistes ? C'est en fait justement ce non-être qui va permettre aux atomes de se mouvoir, de se déplacer pour pouvoir s'assembler, s'accrocher et former de la matière ; sans vide, il n'y aurait pas de mouvement possible pour les atomes et alors aucune matière ne se formerait jamais. C'est pourquoi les atomes et le vide sont reconnus chez les atomistes comme les deux principes primordiaux qui rendent possible la constitution de la matière, Aristote remarque l'économie d'hypothèses de la part des atomistes en cela qu'ils ne font appel qu'à des causes purement mécaniques pour expliquer la constitution de la matière au sein d'un tourbillon d'atomes qui s'assemblent dans le vide, c'est ainsi qu'il écrit, dans Génération et corruption, I 324b35 : "Leucippe et Démocrite ont, avec méthode et au moyen d'une seule cause, tout expliqué en se servant d'un principe qui est conforme à la nature. [...]
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