Elle se distingue de la production, de la technique et du travail, qui agissent sur une matière préexistante. La joie qui succède à la création est donc satisfaction d'avoir fait quelque chose à partir de rien. Ainsi, l'homme n'est pas qu'un "bon à rien" qui n'éprouve que des plaisirs, il est aussi capable de créer. Ainsi, si nous reprenons les deux exemples de Bergson, la joie du savant et celle de l'artiste vient du fait qu'ils ont inventé tous deux quelque chose à partir de rien à partir de leur seule réflexion et imagination (théorie pour le savant, oeuvre d'art pour l'artiste) : ils ont créé. Leur joie ne vient donc pas du fait que grâce à leur travail, leur gloire, leur célébrité, leur renommée s'accroissent, comme nous pourrions facilement le croire. Il ne faut pas se méprendre sur la cause de leur joie : ils ne tirent pas "leurs joies les plus vives de l'admiration qu'ils inspirent."
(...) Cette victoire de la vie est annoncée par la joie ; la vie atteint effectivement et pleinement son but (la création). Ainsi, le but de la vie humaine, "sa raison d'être", plus spécifiquement, réside dans la "création de soi par soi". C'est une création "qui peut (...) se poursuivre à tout moment chez tous les hommes.", c'est-à-dire une création à la portée de tous, au contraire de la création du savant et de l'artiste, qui n'est pas accessible à tous, car elle nécessite une certaine culture et éducation. Ainsi, l'homme se façonne lui-même, en tant qu'individu avec une personnalité, des caractéristiques qui lui sont propres. L'homme devient plus qu'il n'était : plus complexe, plus fin, plus sensible... Il y "agrandissement de la personnalité" par création, qui est ex nihilo "à partir de rien"), la création que Bergson définit comme "un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien, et ajoute sans cesse à ce qu'il y avait de richesse dans le monde.". Conséquence de la création est un sentiment de joie, signe que notre destination est atteinte, joie qui nous indique vers quoi tend la vie (...)
[...] Ce signe est la joie. Je dis la joie, je ne dis pas le plaisir. Le plaisir n'est qu'un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l'être vivant la conservation de la vie ; il n'indique pas la direction où la vie est lancée. Mais la joie annonce toujours que la vie a réussi, qu'elle a gagné du terrain, qu'elle a remporté une victoire : toute grande joie a un accent triomphal. Or, si nous tenons compte de cette indication et si nous suivons cette nouvelle ligne de faits, nous trouvons que partout où il y a joie, il y a création : plus riche est la création, plus profonde est la joie. [...]
[...] Celle-ci est nécessaire à la conservation de la vie, et donc à la perpétuation de l'homme. L'homme ressent du plaisir lorsqu'il mange, il aime la bonne cuisine. Or manger est indispensable pour rester en vie (biologiquement). Mais l'homme doit aussi garder son envie de vivre intacte, c'est ce que lui permet par exemple lire, jouer au piano, faire du vélo La diversité des plaisirs permet à l'homme de ne pas tomber dans la monotonie (ou la souffrance) de l'existence et de l'ennui, qui pourrait conduire à sa mort (envie de se suicider). [...]
[...] Ainsi, Bergson nous fait part ici d'une réflexion sur la signification de la vie, une des questions les plus importantes et essentielles de la philosophie. La vision que nous donne Bergson sur le but de la vie est très intéressante, satisfaisante et valable, mais elle n'est pas et ne peut être universelle. En effet, la question de la signification de la vie est très délicate, car chaque homme peut avoir sa propre notion de la signification de la vie Remarquons que nous pouvons aussi avoir une autre définition du plaisir. [...]
[...] La première phrase est une petite introduction, ou Bergson critique les philosophes qui ont cherché ardemment le but, la signification de la vie, la destinée de l'homme sans remarquer que la nature, ce qui dans un être constitue le principe de son développement autonome, nous donnent l'information, qui est ainsi à notre portée. La joie nous montre que notre destination est atteinte que nous avons atteint, ce que la vie, en nous, vise. Ceci est précisé dans les phrases suivantes à 8). Tout d'abord, Bergson insiste sur le fait que le signe de réussite de la vie est la joie, et non le plaisir. [...]
[...] La joie –terme que Bergson rapproche du bonheur- est un état de plénitude, un sentiment de satisfaction ou d'exaltation, profond en ceci qu'il affecte la conscience tout entière. Le plaisir, satisfaction physique ou morale, n'affecte qu'une partie de l'être seulement. C'est pour cela que, selon Bergson, c'est un artifice imaginé par la nature pour obtenir de l'être vivant la conservation de la vie. alors que la joie indique la direction ou la vie est lancée. Le plaisir est une ruse de la nature afin que l'homme reste en vie, qu'il vive. Donnons quelques exemples. Le plaisir sexuel fait partie intégrante de la reproduction. [...]
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