L'expression « philosophies de la conscience » désigne fondamentalement une attitude commune à des philosophies différentes et qui consiste à voir dans la conscience à la fois une réalité fondamentale et un point de départ pour l'établissement des vérités, y compris et surtout les vérités scientifiques.
Parmi ces auteurs, ont peut citer Descartes, « l'inventeur » de la conscience, celui qui le premier a défini le sujet par son activité de penser, le cogito, mais aussi Pascal qui au lieu de ne voir dans la conscience, comme le fit Descartes, que la certitude du sujet pensant, sujet puisant sa vérité ontologique dans l'humanité appauvrie et sèche d'un « Je » théoricien, insistera au contraire sur sa faiblesse (ce « roseau pensant ») en lui refusant tout fondement, la conscience nous faisant savoir que nous sommes des êtres finis (perdu entre deux infinis), tout entier dans nos qualités, ou Spinoza qui cherchera à penser l'union, restée mystérieuse chez Descartes, de l'âme et du corps, à faire apparaître leur interaction mutuelle, ou encore Leibniz qui reconnaîtra des degrés dans la conscience, depuis les formes de sous-conscience (animal) jusqu'aux formes de sur-conscience (divine) (...)
[...] Or, à côté d'une telle tendance déterministe se fait jour une compréhension moins mécanisante, c'est-à-dire plus éthique de la pulsion. S'il y a un travail possible de l'homme sur celle-ci, ce dont témoigne la réalité concrète de la cure analytique, c'est que l'on est en droit d'espérer un affranchissement, même partiel, par rapport à la pulsionnalité qui nous habite en tant que sujet. Cette part de liberté en l'homme fait signe vers la capacité de transformation de soi que rend possible la thérapie analytique. [...]
[...] En particulier, chaque acte de conscience appartient au flux général de la conscience, il s'y insère de façon motivée. Quand je perçois le dos de la maison, cette perception se rapporte à la perception du devant de la maison en tant que confirmation de celle-ci - au contraire, si au dos, je vois des tréteaux et du carton-pâte, nous aurons un rapport d'infirmation : la seconde perception annule la première et change son sens en perception d'un décor de théâtre». [...]
[...] Cependant, l'analyste joue davantage qu'un rôle de conseiller et de soutien. A cet égard, le phénomène déterminant mais nécessairement ambivalent dont dépend l'issue positive de la cure, le transfert, correspond à une attitude 15 affective d'attachement et d'identification qui reproduit des sentiments éprouvés envers les parents et peut en désamorcer par la répétition la force viscérale. S'affranchissant de cet attachement névrotique initial, le patient s'attache alors à l'analyste sur un mode qu'il va falloir à son tour surmonter, créant ainsi, comme le disent Les leçons d'introduction à la psychanalyse, une nouvelle névrose artificielle A la place de la maladie proprement dite, nous avons le transfert artificiellement provoqué ou, si vous aimez mieux, la maladie du transfert Il convient alors, dernière étape, de supprimer la maladie engendrée par le traitement LE SUJET TRANSCENDANTAL : L'idée d'un sujet psychophysique à laquelle nous sommes parvenus ne met-elle pas en cause le primat de la conscience ? [...]
[...] Pour Merleau-Ponty, l'erreur de Husserl fut justement de croire en l'existence d'un sujet plus fondamental que le sujet psychophysique, le Je pense qui, de l'expérience pré-réflexive à l'activité réfléchissante et au travail conceptuel, en conditionnerait l'appréhension. La conscience est-elle constamment sous-jacente aux connaissances comme à toute autre activité de l'homme dans le monde ? Au contraire, tout en admettant que le cogito (husserlien ou cartésien) ne saurait se réduire à une diversité d'états et d'événements psychologiques, Merleau-Ponty critique l'idée d'une pure activité spirituelle soustraite à toute limite de fait et à toute condition temporelle. Le Je pense ne peut être un absolu dissocié de toute inhérence au monde et de toute expérience d'autrui. [...]
[...] L'inconscient acquiert, dans le cadre de la théorie psychanalytique chez freud, le rôle d'un moteur actif unique qui reste cependant paradoxalement opaque c'est-à-dire inaccessible. Ce qui caractérise au fond dans son originalité l'inconscient psychique freudien, c'est son caractère de point aveugle originaire, constitutif de ce que l'on a jusqu'alors appelé conscience et cependant irrécupérable par celle-ci. En fait, par-delà l'accent opposé qu'elles portent sur la conscience comme connaissance immédiate ou réflexive, se sachant ou pouvant s'apercevoir elle-même, ou bien sur l'inconscient comme lieu d'un savoir opaque à lui-même mais plus profond que celui qui est l'apanage de la conscience, la pensée classique et la psychanalyse ont grosso modo en partage la conception d'un sujet individuel et clos sur lui-même, c'est-à-dire figé dans la dualité, fermée à toute forme d'altérité, qu'il s'agisse du monde des choses (dont le corps), des autres consciences ou des forces inconscientes. [...]
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