Qu'est-ce réellement qu'être esclave ? N'y a-t-il pas différents niveaux d'interprétation ? C'est le mot "être" qui attire l'attention : désigne-t-il une essence ? Peut-on naître esclave par nature ? N'est-il pas toujours possible à l'esclave de se redresser et de manifester la possibilité, la puissance de liberté qu'il n'a jamais fondamentalement perdue ? (...)
[...] Cependant le poids de la volonté ne suffit pas. En effet, si on considère un sujet atteint d'un handicap, il lui sera extrêmement difficile d'agir conformément à sa volonté. Un individu, atteint de cécité totale, ne pourra jamais voir correctement, si grande soit sa volonté d'y parvenir. Il en va de même pour un malade atteint de névrose ou de psychose. En effet, l'individu se retrouve soumis a des impulsions dans lesquelles son moi ne se reconnaît pas. La raison est prisonnière de ces impulsions et le sujet devient esclave de sa maladie, sur laquelle même une forte détermination est souvent impuissante. [...]
[...] Par opposition, être esclave serait ne pas parvenir à en user. Malgré tout, les raisons de cette incapacité ou de cette impossibilité à les exercer pourraient être d'ordre extérieur si l'on se réfère au cas de la domination par un maître, mais aussi, d'ordre intrinsèque comme sous l'effet des passions. L'homme est donc par essence libre, et alors être esclave ne peut être considéré comme faisant partie de la condition humaine. Par conséquent, nul n'est destiné, par nature, à l'esclavage, tout individu peut donc exercer son droit fondamental à la liberté, cependant peut-il pour autant être libre au sens que prend ce terme chez Spinoza, peut-il être totalement libéré de ses passions et n'agir que sous le tôt commandement de la Raison ? [...]
[...] Pour nous, qu'est-ce que être libre ? En fait, que signifie donc cette notion qui semblé si problématique ? II existe un paradoxe engendré par la définition que donne Rousseau de la liberté en regard de la conception populaire. Selon lui, obéir aux lois, c'est être libre L'opinion générale, de son côté, estime que la société et ses lois ne sont qu'un ensemble de contraintes, construit dans le dessein d'écraser la volonté individuelle et de rendre esclaves les individus qui la composent. [...]
[...] Ainsi, pour Sartre, dans L'existentialisme est un humanisme, L'homme est condamné à être libre Cela signifie que malgré la servitude, l'aliénation ou la dépendance, il existe chez l'homme une forme d'inclinaison naturelle, une aspiration à la liberté qui toujours reprend le dessus, ce qui en fait une condition nécessaire de la nature humaine. C'est ce qu'on peut appeler la puissance de liberté, que même le plus asservi des êtres humains ne perdra jamais. Tout homme est puissance de liberté ; autrement dit il y a toujours une possibilité de se redresser et de manifester sa volonté de liberté on pourrait aller même jusqu'à parler d'instinct de liberté. [...]
[...] On peut alors aborder une autre forme d'esclavage. En effet, Spinoza écrit, dans Ethique, que les hommes sont dominés par des affections qui sont les passions De même qu'on a vu que l'homme était soumis à des contraintes physiques, spatiales, temporelles, si on se reporte à la définition de la liberté citée juste avant, l'homme est également soumis au règne des passions. Pour être libre, homme ne devrait subir que l'influence de la Raison, ce qui est totalement contingent. Hume, dans son Traité de la nature humaine, expose la pensée selon laquelle La Raison est, et elle ne peut qu'être, l'esclave des passions ; elle ne peut prétendre à d'autre rôle qu'à les servir t à leur obéir. [...]
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