Un urinoir accroché au mur, à l'envers. Une toile toute bleue. Ou toute blanche. Ou juste une pointe de couleur. Des oeuvres d'art ?... Cent métronomes se mettant en marche simultanément et s'arrêtant lentement. Des portes qui grincent... durant 20 minutes. De la musique ?... Un homme pendu par les pieds à une chaîne, se balançant avec une tronçonneuse, défonçant un piano à queue suspendu à ses côtés, et recevant, durant cette performance, des bassines de sang. Une représentation artistique ?... On le dit. On parle d'art contemporain. Mais on a parfois du mal à le croire. S'agit-il vraiment d'art ? (...)
[...] demande Bergson en commençant son texte. Autrement dit, quelle est son action ? Nous pouvons maintenant répondre : l'action de l'art, l'effet qu'il produit sur nous consiste en ce qu'il fait apparaître des choses que nous avions négligées, des choses que nous avions éprouvées ou pensées, mais trop brièvement, trop faiblement pour que nous en prenions conscience. Grâce au poème, ou au roman, nous voyons mieux en nous. Nous voyons mieux en nous. Ceci est important. Il faut en effet se souvenir de la première phrase du texte : . [...]
[...] Nos deux réponses sont donc assez incompatibles. Elles ont cependant un point commun. Elles restent à la surface de l'expérience esthétique. Elles supposent que si les objets d'art se distinguent des autres objets, c'est par quelque caractéristique bien visible. Le message ou le plaisir. Dans les deux cas, il ne faut pas chercher bien longtemps pour savoir ce qui relève de l'art et ce qui lui est étranger. L'intérêt des propos de Bergson vient de ce qu'il nous invite à être plus attentifs, moins pressés. [...]
[...] N'est-ce pas là une idée intéressante ? Féconde ? Cela nous invite en effet à poser sur les objets qui nous entourent un regard différent. A considérer nos émotions esthétiques, mais aussi nos indifférences et nos rejets esthétiques tout autrement. Il nous faut comprendre que l'objet d'art a une action sur nous, une action qui nous échappe en partie, et que c'est cette action, difficile à apercevoir qui fait d'un objet une œuvre d'art. Bergson nous apprend donc la patience. [...]
[...] Bergson, La pensée et le mouvant : la visée de l'art Commentaire d'un extrait de La pensée et le mouvant de Bergson, dans lequel il est question de la visée de l'art. Texte étudié A quoi vise l'art, sinon à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience ? Le poète et le romancier qui expriment un état d'âme ne le créent certes pas de toutes pièces ; ils ne seraient pas compris de nous si nous n'observions pas en nous, jusqu'à un certain point, ce qu'ils nous disent d'autrui. [...]
[...] Il y a donc quelque chose de très intellectuel, si l'on peut dire, dans l'expression une certaine vision des choses Ce n'est certainement pas ainsi qu'il faut comprendre les propos de Bergson. Il faut entendre le mot vision d'une façon beaucoup moins métaphorique. Pour saisir cela, on peut penser à ce qu'affirmait Oscar Wilde, en 1889, dans son ouvrage Intentions‚ à propos des brouillards londoniens. Longtemps, les habitants de Londres vécurent dans le brouillard sans y faire attention. Ils s'en plaignaient, ils en souffraient, mais jamais ils ne le regardaient. Jamais ils n'y voyaient quelque chose que l'on pouvait regarder pour le simple plaisir de regarder. [...]
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