Dissertation de Philosophie ayant pour sujet : "En quel sens peut-on parler de beauté morale ?". Nous avons affaire à deux notions, appartenant à deux univers hétérogènes, l'une renvoyant à la sphère de l'esthétique (beauté) et l'autre à celle de l'éthique (le prédicat "morale"). L'intitulé nous interroge donc sur le sens de l'expérience esthétique et sur son ultime dimension.
[...] Le beau, disait à peu près Joubert, a encore quelque chose d'animal. Au contraire, la beauté a quelque chose de céleste. La Beauté désigne en effet l'accomplissement parfait du beau, son harmonie la plus noble et la plus pure. Elle est un beau poussé à son point de perfection. Il reste, enfin, à définir le prédicat morale Ce terme s'applique, en un sens spécifique, aux jugements relevant de l'ordre des valeurs éthiques, c'est-à-dire le bien et le mal, le juste. [...]
[...] Comment alors parler, concrètement, de beauté morale dans notre univers ? L'enjeu de la question est évident car, dans notre culture, seule semble encore salvatrice la Beauté. Peut-elle nous faire toucher à la moralité ? La kalocagathie des Grecs ne paraît plus tout à fait à notre portée, pour des raisons historiques et culturelles. Il semble que l'ascension platonicienne vers la Beauté, ascension nous conduisant au seuil du Bien ne soit guère possible, pour nous qui ne pouvons plus guère accéder à l'Idée de Beauté. [...]
[...] En quelle signification peut-on parler, très précisément, chez Platon, de beauté morale ? Dans le dialogue Le Banquet, pour Platon, seule la dialectique de l'Amour peut conduire à la Beauté et au Bien. Partis de l'émotion sensible la plus profonde, l'amour, discipliné et intellectualisé, aboutit à la contemplation de la beauté pure. Par un mouvement dialectique et hiérarchique, nous pouvons passer de la beauté des corps à la beauté de l'âme, à celle des occupations et des lois et à celle des sciences. [...]
[...] Dans ces conditions, comment parler encore de beauté morale ? Si le jugement esthétique opère dans le sensible, la moralité ne peut qu'exclure la sensibilité et, dès lors, les deux sphères ne sauraient se rejoindre. L'impératif éthique répudie l'influence des mobiles sensibles. Il exprime seulement une maxime susceptible de devenir une loi universelle. Ainsi, d'un côté, le jugement esthétique est lié au sensible et, de l'autre, la moralité obéit à la simple forme de la loi en répudiant les penchants et inclinations sensibles : c'est la démonstration de Kant. [...]
[...] La perfection esthétique et la perfection morale se rejoignent et se réunifient : la beauté recommence à être symbole du bien et, réciproquement, le bien est l'autre face de la beauté. Ainsi, même loin de la kalocagathie antique, la beauté redevient morale. En participant à l'harmonie et à l'ordre des choses, je découvre la seule forme d'éthique possible, comme construction de l'ordre de ma vie, loin de l'obéissance à une loi universelle humiliant mes tendances sensibles. Le problème était de savoir si l'on peut réunir esthétique et morale. [...]
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