Dissertation de Philosophie s'interrogeant sur l'art et sa capacité de manifester l'absolu.
[...] Comme il le montre dans le Livre X de La République, 597a, l'oeuvre d'art est éloignée de trois degrés de la vérité -nous pouvons ici remplacer "vérité" par "absolu", puisque pour Platon, avons-nous dit, ce qui est absolu, c'est ce qui est le plus réel. Ainsi, quelle différence y a-t-il entre le lit représenté par l'artiste, le lit empirique qui sert à dormir et qui est fabriqué par l'artisan, et l'Idée de lit? Le lit de l'artiste ne fait que copier quelque chose qui déjà, est dépourvu de réalité, au lieu de copier directement l'Idée. Le lit fabriqué par l'artisan, quant à lui, a au moins l'avantage de "refléter" ou de manifester le lit vraiment existant, l'Idée de lit. [...]
[...] Ayant défini plus haut l'image comme imitation, copie, de quelque chose, il distingue ici deux espèces d'imitation : Il y a d'abord l'imitation copie, qui consiste à recopier fidèlement la chose, mais sans avoir pour ambition de la remplacer (c'est une relation de ressemblance, non d'identité) ; et ensuite, il y a une imitation appelée "eikastique", qui cherche à remplacer la chose même. Pour ce faire, il faut étudier les lois de la perception sensible, de manière à "pouvoir faire illusion". L'œuvre d'art ne peut remplacer l'objet ou rivaliser avec lui, qu'en faisant illusion. L'œuvre d'art appartient donc pour Platon au domaine de l'image, du sensible. [...]
[...] Non seulement l'oeuvre d'art est une image, donc, quelque chose de sensible, mais en plus, elle est littéralement assujettie au sensible, elle trompe et illusionne. Art et illusion ou l'art condamné par la philosophie L'oeuvre d'art privilégie le sensible comme moyen d'expression, et est donc condamnée par Platon, au nom de la philosophie. En effet, l'art en vient à faire croire que l'absolu ou l'Idée est dans le sensible, or, la leçon du Livre VI de La République (cf. la célèbre allégorie de la caverne) est bien de nous faire voir que l'absolu est tout autre que le sensible, et inatteignable par les moyens sensibles. [...]
[...] L'oeuvre d'art manifeste bien d'une manière toute privilégiée, un absolu, un au-delà. IV- Toute œuvre d'art manifeste-t-elle un absolu? Certes, l'oeuvre d'art paraît bien être à même de manifester un absolu, mais il ne faut pas oublier que l'art est "un concept ouvert", pour reprendre l'expression de Wittgenstein, et que toute oeuvre d'art ne paraît pas à même de pouvoir manifester un absolu. Ne serait-ce pas en fait seulement les oeuvres d'un passé révolu, qui ont été capables de manifester un absolu? L'art contemporain est-il de l'art? [...]
[...] En effet, nous venons de voir que l'oeuvre d'art dépasse, par ses moyens artistiques, l'apparence, le sensible. Elle manifeste la présence de quelque chose d'absolu, d'indépendant de toute condition sensible, par des moyens pourtant sensibles. On doit donc nécessairement en arriver à inverser le rapport instauré par Platon entre la philosophie et l'art et dire que ce n'est pas la raison, ou la philosophie, qui peut atteindre l'absolu. Seul l'art est apte à le faire, car il "manifeste", plutôt que d'essayer de dire ce qui par définition ne se dit pas. [...]
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