La philosophie d'Aristote part du phénomène observable que les étants se meuvent. Il va donc s'intéresser aux étants naturels à partir de leur mouvement.
La vérité de son énoncé (« la Physique est la science des étants naturels dans la mesure ou ils se meuvent ») repose sur une induction (« epagôgè »). Le sens donné par Aristote au terme induction est cependant différent de celui donné par les empiristes. Ici, l'induction est un processus d'intuition directe, et non pas de raisonnement, médiatisée psychologiquement par l'examen d'instances particulières (...)
[...] NB : Controverse concernant cette définition du mouvement : Sarah WATERLOW (1892) : Si on traduit entelechia par actualisation, on rend la définition circulaire car on définit le mouvement par le mouvement (un processus) et on fait du changement quelque chose de non- réel puisque le processus est la réalisation d'une fin qui n'existe pas encore ( ce qui est opposé à la physique réaliste d'Aristote. Mais Aristote ne définit pas le mouvement comme l'entéléchie de la puissance d'un sujet mais comme l'entéléchie de ce qui est en puissance, dans la mesure où ce sujet est en puissance d'acquérir une forme particulière. Le changement est donc l'action du sujet en tant qu'il est en puissance. Le terme entéléchie indique donc que l'action est dirigée vers une fin. Selon cette lecture, le changement est bien une action réelle d'un sujet réel. [...]
[...] Ce premier moteur immobile est la cause ultime de tout mouvement. Il n'appartient pas à la nature puisque tout étant naturel est mobile. Etant immobile, il n'est pas en puissance de quoi que ce soit sinon il devrait s'actualiser. Il est acte pur et ne possède donc aucune matière (sans quoi il serait soumis à la génération et la corruption). Il est pure forme, détermination pure et parfaite. Il n'a donc pas de lieu. S'il meut c'est parce qu'il est objet de désir, il est donc cause finale. [...]
[...] La théorie du temps Son existence est problématique. Comme durée il est composé de parties qui ne sont plus ou qui ne sont pas encore. Les moments et instants ne composent pas le temps pas plus que les points ne composent la droite du fait qu'ils n'ont pas d'extension. D'après SORABJI, on peut dire d'un instant qu'il a cessé d'exister n'importe quand car il n'y a pas d'instant suivant unique puisque le temps est continu. L'instant présent est une limite potentielle d'intervalle de temps, des parties passées et futures. [...]
[...] Critique : on a reproché à la définition d'Aristote d'être circulaire en ce qu'elle fait appel à des notions d'avant/ après elles-mêmes temporelles (X1 avant X2 ( ; Possible d'échapper à cette circularité en s'appuyant sur le fait qu'il existe des processus irréversibles dans la Physique (le feu se dirige vers le haut, la pierre vers le bas en mouvement spontané Si on définit la relation temporelle avant/ après en fonction de la relation spatiale haut/bas, la circularité est évitée. Aristote revient ensuite à la question de l'existence du temps mais reste vague. On pourrait dire que le temps existe pour autant qu'il puisse être en puissance. Il y aurait donc un écoulement du temps pour autant qu'il y ait du mouvement mais pas de temps mathématique physique s'il n'y avait pas d'âme humaine. Il est toutefois sur que le temps est relatif au mouvement. Si le mouvement s'arrêtait il n'y aurait plus de temps. [...]
[...] L'induction d'Aristote n'est rien de tout ça. Pour lui l'intellect est capable d'atteindre le sensible ; c'est pourquoi la proposition tous les étants se meuvent est un premier principe justifié par l' induction et qui ne peut faire l'objet de falsification à partir d'expérience. Tout changement cependant manifeste une contrariété puisque ce qui change cesse d'être pour devenir ce qu'il n'était pas. Or, il y a une difficulté en philosophie d'établir une théorie du changement sans violer le principe d'identité (ou de non- contradiction) puisque quelque chose qui n'existe pas parait engendrer quelque chose qui existe (exemple de l'homme illettré). [...]
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