Ce sujet concerne notre société qui semble avoir renoncé à la réflexion profonde et au jugement critique sur elle-même. La philosophie, mais aussi la culture, sont probablement partiellement exclues de notre modernité. Or une société privée de son regard critique sur elle-même est-elle encore « possible » et n'est-elle pas livrée à quelque « barbarie » d'un type nouveau ?
De quelle manière conduire le raisonnement avec cohérence et justesse ? Tout d'abord comptent les mots, les termes et leur compréhension essentielle. Il faut donc, d'abord, prendre au sérieux les essais de définition conceptuels. La philosophie, au sens « vulgaire » du terme, désigne une sagesse pétrie de patience ou de sérénité. Mais elle représente aussi un équilibre de l'esprit jugeant toutes choses à leur valeur. Plus profondément, la philosophie est une recherche rationnelle ayant pour objet une compréhension globale de l'homme et du monde. Le « monde », c'est l'ensemble des objets perceptibles par nos sens. Mais cet ensemble doit être approfondi selon une dimension existentielle, historique et sociale. Cette notion de « monde », que contient-elle exactement, pour nous, en notre temps ?
Qu'est-ce que philosopher et quelle est la nature de cet acte ? Les doctrines d'Aristote, de Hegel et de Husserl s'interrogent sur cette question.
Le sens du sujet est le suivant : la philosophie, ce luxe théorique, a-t-elle encore un rang et un sens dans notre ensemble historique actuel, structuré par la science et la technique ?
Le problème posé par le sujet est celui de savoir si les questions ultimes et les plus hautes de la pensée peuvent être abandonnées du champ de la réflexion, si le « positivisme », au sens large du terme, peut se substituer à la démarche philosophique.
La réponse au problème sera sans ambiguïté : si les questions les plus hautes de la pensée sont abandonnées, alors l'homme est face à une nouvelle « barbarie ».
[...] Qu'est-ce que philosopher et quelle est la nature de cet acte ? Les doctrines d'Aristote, de Hegel et de Husserl s'interrogent sur cette question. Le sens du sujet est le suivant : la philosophie, ce luxe théorique, t-elle encore un rang et un sens dans notre ensemble historique actuel, structuré par la science et la technique ? Le problème posé par le sujet est celui de savoir si les questions ultimes et les plus hautes de la pensée peuvent être abandonnées du champ de la réflexion, si le positivisme au sens large du terme, peut se substituer à la démarche philosophique. [...]
[...] Le philosophe veut interpréter le monde. Mais, comme le disait Marx, il ne s'agit pas de l'interpréter, il s'agit de le transformer. Dès lors, vouée à l'interprétation, la philosophie n'aurait plus son rang dans notre univers : elle serait, en effet, trop spéculative. Incertaine et spéculative, la philosophie céderait sa place à la science. Aussi, progressivement, le positivisme s'est emparé de nos sociétés. L'idée que seuls les faits scientifiques donnent accès au vrai est devenue une idée courante. Seule l'expérience scientifique réaliserait le chemin du vrai savoir. [...]
[...] Au sens vulgaire du terme, la philosophie représente une sagesse pétrie de patience ou de sérénité. Encore que cette signification ne soit pas totalement à exclure de nos analyses, nous préférerons, néanmoins, voir dans la philosophie un exercice contrôlé et rationnel. Mais quel type d'exercice ? Philosopher, c'est soumettre le réel à un jugement réflexif, c'est le saisir à travers un réseau de concepts rigoureux, c'est, à travers une activité libre et désintéressée, sortir de ce que Hegel appelait le morne abrutissement de la vie naturelle primitive pour s'efforcer d'aller au pourquoi des choses. [...]
[...] La philosophie, dès lors, elle bien encore sa place dans notre monde ? Alors que mathématique et physique ont trouvé la route sûre de la science, philosophie et métaphysique en sont encore à tâtonner et ne méritent sans doute pus d'être en leur lieu, dans un monde qui veut la vérité. En somme, la philosophie, vouée à l'incertitude, serait destinée à être chassée, de notre monde en quête de certitudes. En effet, notre univers veut connaître pour agir, pour transformer le réel. [...]
[...] La philosophie a nécessairement encore sa place dans notre monde. Comment la philosophie, cette démarche conceptuelle et synthétisante, n'aurait-elle pas rang, place et sens dans notre ensemble sensible, tel qu'il se présente à nous, dans notre situation historique et sociale globale ? Philosopher, c'est comme le note Schopenhauer, s'étonner, jeter sur le monde et le réel un regard neuf, c'est, en jetant ce regard neuf, tenter de découvrir le sens réel des choses. La philosophie semble vouée à se manifester nécessairement, à questionner notre existence et à l'interpréter. [...]
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