Aujourd'hui on ne peut démentir que le philosophe semble être considéré comme une espèce à part, dont le discours, s'il n'est pas inconnu du grand public, suscite souvent incompréhension et dérision, si bien qu'il se retrouve mis au ban de la société. On dirait alors que le philosophe n'est pas un homme de son temps, vivant exclusivement dans son monde d'idées, détaché de la réalité du monde qui l'entoure. Pour autant, il est un homme qui tout comme nous, vit nécessairement dans une époque dont il subit indubitablement les évolutions, dont il a immédiatement conscience par le biais de ses sens. Dès lors, on peut se demander si ce contact permanent avec cet environnement n'influence pas sa pensée, et donc, si un philosophe n'est pas nécessairement un homme de son temps.
[...] Car aux dernières limites de la pensée philosophique, n'est-il pas l'idée du bien ? Principe de toute chose, qu'il faut [ ] voir pour se conduire avec sagesse, soit dans la vie privée, soit dans la vie publique (Platon, La République) ? La quête d'universel, unique à la différence de ses manifestations infinies dans le monde sensible, ne contribue-t-elle pas par ailleurs à toutes les avancées actuelles et à venir, et qui sont venues, dans les domaines variés de la science ? [...]
[...] Mais il ne peut cependant se satisfaire d'une relation purement sensible à son monde, s'il ne veut être subjugué par ses opinions, elles-mêmes nées de ce contact direct et continu avec son époque. Pourtant, cet antagonisme apparent ne fait en réalité qu'un. Le philosophe a en effet d'abord besoin de pouvoir orienter sa conscience avant de penser ; à cette fin, la réalité sensible le lui permet. Ensuite, ce n'est qu'en se détachant de celle-ci qu'il pourra alors accéder aux idées, universelles et intemporelles, réalités qu'il cherche. Le propre du philosophe est donc de se trouver à cheval sur ces deux mondes. [...]
[...] Tout au plus pourraient-ils se toucher, mais imaginons qu'ils ne le puissent pas. Ainsi, il serait difficile de supposer que dans un tel monde aient pu naître des idées de morale, de liberté ou encore de société ou de politique. Mais à quoi donc auraient bien pu penser ces hommes dans ce néant ? De même, le philosophe a besoin de matière pour penser qu'il va chercher dans son environnement immédiat, le monde sensible, monde peuplé d'hommes comme lui qui pensent, vivent et agissent au sein d'une collectivité. [...]
[...] Le philosophe, par son éducation, son environnement social, par tout ce qu'il a subi, est inscrit dans son époque. Depuis sa naissance il reçoit constamment des stimulis de l'extérieur par le biais de ses organes sensoriels, quoi qu'il entreprenne pour s'y opposer. Que ce soit ensuite au contact d'autres personnes, à compter tout d'abord de ses parents, ou d'objets, apparaissant, disparaissant ou évoluant d'une époque à l'autre (citons par exemple l'audiovisuel qui a pris son essor au 20e siècle), il se voit donc conditionné par sa société, par son éducation, par ses expériences : par son époque. [...]
[...] Ces idées-là n'ont pas besoin d'une quelconque attache au monde sensible pour pouvoir exister et donc être pensées. Il est aussi d'autres idées qui traversent les siècles et demeurent inchangées, si elles ne sont pas pensées à nouveau puis éventuellement complétées par ce que l'on pourrait appeler des corollaires Au nombre de celles-ci on peut citer du Bien, la liberté, la pensée, la conscience, la morale . Ce philosophe, en cherchant à penser des concepts et des idées universelles, se place nécessairement hors du cadre délimité par son époque : il la transcende. [...]
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