Dans un premier temps nous aurons à vérifier si le postulat de l'irréversibilité du temps est bien lié à sa conception subjective (Augustin), et pourquoi il en est nécessairement ainsi (Kant).
En un second temps nous verrons en quoi le temps tel que le conçoit Einstein peut être dit « objectif » (par son lien inextricable à la matière) et pourquoi Einstein affirme sa réversibilité.
En effet, nous verrons dans un troisième et dernier temps qu'il existe des conceptions objectives du temps admettant une irréversibilité (Aristote, la cosmologie actuelle, et la thermodynamique).
Enfin il sera temps de dresser un bilan en proposant une solution à la question : l'irréversibilité du temps n'est-elle qu'une illusion ?
[...] Mais ce n'est pas là prouver que le monde peut effectivement voir son cours temporel inversé. Le raisonnement qui va d'une symétrie T à la possibilité effective d'un temps retourné n'est pas logiquement valide. L'on achèvera alors cette solution par un argument psychologique : si Einstein s'est permis ce relâchement dans la rigueur logique dont son grand esprit était capable, c'est qu'il s'adresse précisément aux proches de son ami disparu, et dans un tel cas on ne peut s'empêcher de souhaiter un temps réversible. [...]
[...] Chacun a eu, un jour ou l'autre, envie de remonter le temps, soit pour revivre un moment passé car toute joie veut l'éternité dit Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, IV, le chant d'ivresse 11) soit pour modifier un événement passé. Mais alors que signifierait ce retour en arrière ? Prenons un exemple concret, en vue d'expliciter le sens de la réversibilité. Supposons que nous fassions tomber une bouteille en plastique que nous avions remplie d'eau. L'eau se répand sur le sol. [...]
[...] C'est grâce à cet effet que les chauve-souris repèrent la trajectoire des moustiques, dans l'ultrason. Ainsi le décalage spectral de la lumière des galaxies nous indique qu'elles s'éloignent toutes les unes des autres à grande vitesse. L'univers est en expansion. Or Hawking remarque à bon droit (dans le chapitre 9 cette fois) que cela constitue une flèche du temps : l'univers est en expansion, et non en contraction (sens inverse). Ceci constitue une troisième conception d'un temps à la fois objectif et fléché. [...]
[...] Ce phénomène n'est pas fictif, car il a été vérifié expérimentalement avec des horloges extrêmement précises, l'une embarquée dans un avion, l'autre restant sur terre. Au retour de l'avion, on constate un retard de son horloge sur l'horloge terrestre. Il n'est par conséquent résolument plus possible de penser le temps indépendamment de l'espace matériel, ce pour quoi on peut parler de temps objectif chez Einstein. Il nous reste alors à répondre à la question pourquoi néanmoins Einstein pense l'irréversibilité du temps comme illusoire ? [...]
[...] Le temps doit donc présenter un sens, une direction uniques, et c'est ce que l'on appelle la flèche du temps Pourtant, le père de la physique relativiste contemporaine, Albert Einstein, déclare dans une lettre au fils et à la sœur de son ami tout juste décédé (lettre du 21 mars 1955) Besso, que pour les physiciens convaincus, le passé et le futur ne sont que des illusions (voir le tome 5 des Ouvrages choisis d'Einstein par Balibar et Merleau-Ponty). Serait-ce à dire que le temps n'est irréversible qu'en apparence ? C'est ce que veut dire Einstein, et il songe là au fait que, pour la science physique relativiste, les lois de la nature sont valables quel que soit le sens dans lequel se déroule le temps. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture