Le sujet invite le candidat à interroger l'équivalence entre deux termes : [ce que je suis] = [ce que j'ai conscience d'être]. Au premier abord cette équivalence semble aller de soi : comme l'enseigne l'étymologie du mot conscience (cum-scientia), être conscient c'est accompagner de savoir notre existence et tout ce que nous en faisons. Non seulement nous sommes (presque) toujours sous notre propre regard mais ce regard plonge au-dedans de nous-mêmes. Il semble donc que rien de nous ne puisse nous échapper. Nous n'avons avec personne l'intimité que nous avons avec nous-mêmes. Qui plus est nous ne pouvons voir les autres comme nous nous voyons c'est-à-dire plonger dans leur intériorité. Pourtant, à la réflexion, chacun peut se rendre compte qu'il a l'occasion au cours de sa vie d'apprendre (de lui-même ou par les autres) ce qu'il ignorait sur lui-même. Il faut donc bien interroger l'idée d'une conscience qui embrasserait la totalité de notre être et nous le rendrait transparent ...
[...] Mais comment expliquer alors qu'il nous arrive de prendre conscience de ce que nous sommes ? Il faut donc envisager l'autre hypothèse : conscience être, inadéquation qu'on peut entendre en diverse manières : soit la conscience est en deçà de l'être, l'être débordant la conscience que nous en prenons (conscience [...]
[...] Même si je voulais le connaître je ne pourrais pas. Contre le refus cartésien de conférer à la pensée le mode d'être des choses dans l'espace il faut bien admettre un sujet cloisonné, théâtre d'un conflit entre forces antagonistes. Autre raison objective : nous sommes les seuls à nous voir comme nous nous voyons mais ce point de vue n'est pas le seul point de vue. La conscience de soi est une perspective sur soi parmi d'autres, avec ses inconvénients et ses limites. [...]
[...] Le constat d'une conscience qui reste en deçà de l'être amène alors la question : comment récupérer dans la connaissance cette partie de l'être qui nous échappe ? Comment convertir la conscience de soi en connaissance de soi ? Comment égaler la conscience que nous prenons à l'être que nous sommes ? Après tout la conscience est sans doute moins une réalité toute faite qu'une conquête à réaliser. Si tel n'était pas le cas pourquoi dirions-nous que nous prenons conscience ? Chaque prise de conscience n'est- elle pas comme un degré dans le progrès général de la conscience de soi ? [...]
[...] Lui et moi ne voyons évidemment pas la même chose de moi. Son point de vue complète le mien et enrichit la conscience que j'ai de moi-même. Combien de fois avons-nous été éclairés sur nous-même par une remarque, une boutade, un reproche ? On trouve chez Hegel l'idée que la conscience n'est pas donnée au départ mais se construit dans une histoire qui est celle du débat du sujet avec le monde. Chaque nouvelle expérience est pour la conscience l'occasion d'une prise de conscience qui l'amène à un degré de clarté plus fort, plus aigu. [...]
[...] Quelques indications pour le traitement du sujet : Suis-je ce que j'ai conscience d'être ? Le sujet invite le candidat à interroger l'équivalence entre deux termes : [ce que je suis] = [ce que j'ai conscience d'être]. Au premier abord cette équivalence semble aller de soi : comme l'enseigne l'étymologie du mot conscience (cum-scientia) être conscient c'est accompagner de savoir notre existence et tout ce que nous en faisons. Non seulement nous sommes (presque) toujours sous notre propre regard mais ce regard plonge au-dedans de nous-mêmes. [...]
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