Dans la perspective de ces réflexions, on peut tout d'abord se mettre d'accord sur l'éventualité d'un accès au bonheur par le biais d'un apprentissage. Dans un second temps, nous verrons si l'on peut apprendre à être heureux sans souffrir, puis en quoi le passage par la souffrance peut au contraire être révélateur du bonheur, être en quelque sorte (...)
[...] Les faux biens disparaissent de même que les faux maux et les conditions du contentement apparaissent. La souffrance est- elle ainsi nécessaire pour apprendre à être heureux ? La souffrance est révélatrice du bonheur dans la mesure où elle permet d'en mesurer la valeur. Il faut tout d'abord remarquer qu'avant d'en être le moyen, la souffrance est le point de départ d'une quête du bonheur. En effet, si l'homme aspire, désire, veut le bonheur, c'est qu'il souffre car tout désir est un manque. Vouloir, s'efforcer, voilà tout leur être ; c'est comme une soif inextinguible. [...]
[...] Pour lui, la compassIon accroît la souffrance dans le monde (Aurore, 1881). Pour Spinoza, la pitié est essentiellement une contagion de la douleur, dont il faut se garder car elle affaiblit l'individu et le rend incapable de juger et d'agir suivant la raison : L'homme qui vit sous le commandement de la raison s'efforce autant qu'il se peut de ne pas s'apitoyer. L'observation de la souffrance d'autrui ne me garantit donc pas l'accès au bonheur sans souffrir par moi-même. De plus, être ou avoir été témoin de la souffrance des autres peut au contraire me conduire à la souffrance et au malheur. [...]
[...] Le sujet perd ainsi de son unité. La souffrance rend non seulement l'unité du moi impossible, mais également l'accord entre soi et le monde. Le sujet peut alors faire l'expérience de la solitude comme le personnage de Job dans Le livre de Job qui, souffrant de multiples maux, s'écrie : Vous voyez que je ne trouve en moi-même aucun secours et mes propres amis m'ont abandonné. En ce sens, la souffrance ne peut pas amener à vivre en harmonie avec la nature. [...]
[...] Ainsi, la souffrance éprouvée par la perte d'un proche permet de prendre conscience de la finitude humaine et donc que le bonheur ne peut être espéré dans l'immortalité. La confrontation aux maux d'une manière générale permet de nous faire savoir où l'on peut trouver du bonheur. La souffrance qui se transforme en action en perdant son aspect de passivité peut apprendre à être heureux. Elle provoque une révolte, une puissance d'indignation. L'homme dit non à ce qui est et oui à ce qui doit être. Il a donc connaissance de la voie à suivre pour être heureux. Peut-il alors l'enseigner ? [...]
[...] D'une toute autre manière, les Stoïciens préconisent l'éloignement de tout ce qui pourrait troubler la paix de l'âme, essentiellement les passions, considérées comme des mouvements antinaturels. Il apparaît donc que le bonheur peut faire l'objet d'un apprentissage et donc qu'il peut être enseigné comme le proposent les différentes écoles antiques. Et en effet, peut-on dire si l'on naît heureux ou malheureux ? On naît innocent puisque, dans un sens, on n'a pas encore commis de faute, et dans un autre, on n'a pas de conscience, autrement dit pas de connaissance du malheur ni du bonheur. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture