Rousseau propose dans l'Emile une forme utopique d'éducation. Ne fait-elle pas sens encore aujourd'hui ?
[...] Emile ou l'éducation naturaliste et libertaire. En écrivant l'Emile, Rousseau s'était assigné la tâche de promouvoir une éducation qu'on a qualifiée de naturelle. A vrai dire, il s'agit d'une éducation naturaliste (ou naturiste), car toute éducation véritablement humaine est naturelle. Elle cherche à épanouir la nature humaine, et ceci quelqu'en soit la culture, les époques et les méthodes. L' éducation que propose Rousseau est naturaliste car elle n'aura pas d'autres références que la nature et ses conditionnements. Elle rejette d'emblée la culture, la société, le progrès, etc. [...]
[...] Il faut dire, en outre, que Rousseau prive Emile d'autres références humaines et sociales indispensables à une éducation véritablement humaine. L'unique expérience de notre pédagogue ne pourrait à elle seule suffire à préparer notre jeune élève à mener une vie équilibrée dans l'objectivité des choix qu'il aura à faire seul plus tard. Emile a besoin d'autres enfants de son âge. Il a parfois besoin de changer de cadre et d'environnement. En somme, il a besoin d'un plus grand capital culturel pour prendre de la distance par rapport à sa seule nature. [...]
[...] Cet enfant, qui est orphelin, n'aura d'autre référence éducative que notre auteur. L'Emile est avant tout un plaidoyer en faveur de l'enfance, ainsi que de l'innocence de sa nature. Rousseau défendra un statut propre de l'enfance. L'éducation consistera donc, dans cette optique, à préserver cet état de toutes influences qui viendraient pervertir l'homme qui advient. En définitive, on a aussi qualifié l'éducation rousseauiste de libertaire, car elle se veut être une promotion de la liberté. C'est, on peut le dire, une véritable éducation à la liberté. [...]
[...] Tel est le plus grand bien que devra produire une éducation bien réussie. En effet, pour Rousseau : Le premier de tous les biens n'est pas l'autorité mais la liberté. L'homme vraiment libre ne veut que ce qu'il peut et fait ce qui lui plaît. Voilà, dit l'auteur, la maxime fondamentale. Il ne s'agit que de l'appliquer à l'enfance, et toutes les règles de l'éducation vont en découler Cela ne sera vraiment possible que si l 'homme (l'enfant éduqué) s'habitue à vivre conformément à sa nature. [...]
[...] Mais en échange, il aura des devoirs quant à ce qu'il fera de sa nature. Il ne peut donc jamais en rester à la pure nature. Sa nature exige l'héritage de l'histoire, de la culture, de la société (milieu naturel de son existence d'homme) et l'expérience anthropologique de l'altérité. Rousseau a refusé d'être de son temps. L'Emile est pour ainsi dire un réquisitoire contre la modernité. Voilà pourquoi, l'auteur de l'Emile va prôner la liberté, la spontanéité de la nature contre la société (avec l'obéissance nécessaire aux institutions, l'initiation à la vie et l'école). [...]
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