Explication de texte philosophique du paragraphe 344 extrait du "Gai Savoir" de Nietzsche.
[...] Il y a du vrai dans la thèse que Nietzsche semble défendre. En effet, ne peut-on pas voir des risques dans la nécessité de vérité absolue de la science ? L'expérience nous en a montré les dérives à plusieurs moments de l'Histoire: les deux premières Guerres Mondiales, avec leurs millions de morts, durant lesquelles ont été utilisés des gaz mortels, cette soif de vérité des médecins nazis qui se livraient à des expérimentations sur des cobayes humains dans les camps, l'invention de nouvelles armes, comme la bombe atomique Autant d'exemples pour montrer que la science a parfois été le complice immature de la folie meurtrière des hommes. [...]
[...] Après avoir explicité le paradoxe de la science, ce texte pourrait venir ébranler notre foi en la science : elle repose elle aussi sur une croyance, la foi en la nécessité d'une vérité absolue. De son examen, il découle que ce postulat présente bel et bien des dangers potentiels pour la vie lorsque la découverte de la vérité a pour but de faire le mal où lorsque nous ne pouvons vivre en faisant face à ces vérités. Mais il serait faux d'estimer que les hommes n'éprouvent pas aussi un grand besoin de vérité pour comprendre le réel qui les entoure, et les dérives engendrées par la science ne l'empêcheront pas de continuer à se faire ressentir ; il faut donc admettre ce principe initial. [...]
[...] Comment nous prémunir de tels risques ? On voit bien que c'est quand les buts recherchés par la science constituent une menace pour la vie qu'apparaissent ces inquiétudes. C'est quand la science donne aux hommes les moyens de détruire, de torturer, de faire souffrir leurs semblables qu'on la montre du doigt, dès lors qu'elle est utilisée pour faire le mal. A l'inverse, on ne reprochera pas au progrès scientifique d'améliorer la vie des hommes ou, d'une manière plus désintéressée, de leur faire comprendre le réel. [...]
[...] On voit vite que telle n'est pas la signification recherchée par Nietzsche puisque, si c'était le cas, la conviction appartiendrait d'ores et déjà au domaine de la connaissance et la question de son rejet par la science n'aurait alors pas lieu d'être. Ainsi, les convictions, au sens de croyances fermes, sont bannies du domaine de la science, cette sorte de royaume auquel font allusion les expressions du type domaine de la science droit de cité domaine de la connaissance pour nous signifier que la science constitue un monde à part où l'objectivité fait loi. [...]
[...] Nietzsche nous amène à prendre activement conscience de cela, par l'utilisation de l'interrogation à double reprise. La conviction serait totalement incompatible avec la science, c'est-à-dire que la science exclurait toute thèse qui ne peut se prouver Pourtant, à cette question de savoir si la discipline scientifique commence là où la conviction s'arrête, Nietzsche nous répond, sans se livrer, par un prudent c'est probable qui nous laisse perplexes puisqu'il nous donne l'impression que l'auteur en vient à douter lui-même de son propre raisonnement. [...]
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