Dissertation autour d'un extrait du livre Nietzsche contre Wagner : "Au théâtre on devient peuple, troupeau, femme, pharisien, bétail électoral, patron d'église, idiot-wagnérien : c'est là que la conscience la plus personnelle se soumet au charme niveleur du grand nombre, c'est là que règne le prochain, c'est là qu'on devient prochain." Quelle est l'influence de la musique sur l'homme ? Y a-t-il du "bon" et du "mauvais" art ?
[...] Nietzsche décrit l'œuvre de Wagner comme un symptôme La musique agit comme un phénomène strictement psychologique, comme ensemble d'affects et d'effets sociaux Elle entraîne une désorganisation des instincts qui nous transforme puisque l' on devient Il ponctue cette phrase de beaucoup d'expressions, dont le terme d' idiot La musique aurait donc le pouvoir d'agir sur nous car elle nous déséquilibre, nous ébranle (les nerfs). Elle touche nos émotions, notre psychologie, jusqu'à infiltrer notre corps. Mais au travers de Wagner, Nietzsche dénigre avant tout Schopenhauer. Il ne veut pas qu'on voie l'art comme un refuge ou un exutoire. [...]
[...] Mais Nietzsche contre Wagner est aussi une critique de la religion. Il dira d'ailleurs en 1881 dans le Gai savoir : Je cherche Dieu, je cherche Dieu Nous l'avons tué Dieu est mort Il n'admet aucune conciliation ni aucune rationalisation des dogmes. Le christianisme apparaît comme une chute et comme une décadence. Il est l'incarnation de la morale des faibles qu'il regroupe en troupeau Des valeurs, des jugements (l'idée d'un bon/bien/beau/vrai et d'un mauvais/laid/faux) sont imposés par des puissants (aristocrates) à des minorités. [...]
[...] Nietzsche veut qu'on se confronte à la vie, à soi-même, car l'erreur (comme la croyance en l'idéal) n'est pas l'aveuglement, l'erreur est lâcheté. Toute acquisition, tout pas en avant dans la connaissance est la conséquence du courage, de la dureté envers soi, de la probité envers soi (Ecce Homo) Le prochain n'est pas à voir en tant qu'individu propre. Pour Nietzsche, la religion rassemble les hommes, mais ceux-ci se soumettent à la force, au charme et aux attraits (rédemption, salut, éternité) du christianisme. Il compare la musique wagnérienne à la religion. [...]
[...] On s'aperçoit donc que Nietzsche contre Wagner, plus qu'un procès, est une véritable mise en garde contre la dénégation de la vie, contre le pouvoir de la religion et contre le pouvoir d'un art non régulé qui transporte le peuple dans un effet de masse. Mais ces avertissements ne présageraient-ils pas déjà des dangers du nazisme ? En effet, cette emphase, ce transport d'émotions des foules au nom d'une utopie destructrice a marqué notre Histoire avec les Guerres Mondiales. Il faut s'interroger sur la façon dont un discours ou une musique peuvent ainsi nous transporter et même, nous transporter ? Est-ce uniquement lié à nos sens et nos émotions ? Est-ce un besoin d'appartenir et donc d'exister au sein d'une communauté ? [...]
[...] Pour lui, le réel danger est là. Le peuple, emporté par des sensations, n'est plus pleinement conscient et est donc manipulable : en allant à Bayreuth, on renonce au droit de parler et de choisir on se laisse soi-même chez soi Nietzsche voit la philosophie présocratique comme évitant l'état de confusion du religieux et du rationnel. Il développe le sens du dionysme. Dionysos est vu comme le dieu de l'être originel, de l'intellect et l'émotion. La musique apporte l'exaltation de la volonté. [...]
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