Exposé de Philosophie consacré à la notion de mauvais goût.
[...] Ainsi, lorsque quelqu'un est de mauvais goût, c'est en fait qu'il n'a pas choisit de représenter, d'exprimer quelque chose de potentiellement beau, qu'il n'a pas choisit d'agir d'une belle manière : son action n'est alors pas en corrélation avec les normes qui fixent la beauté. Il apparaît alors qu'un jugement esthétique, et a fortiori le mauvais goût, peuvent toujours être expliqués, argumentés de manière rationnelle. Cette démarche ramène donc l'universel vers le particulier, l'infini vers le fini, elle ne prend pas l'objet dans son intégralité, mais le morcelle pour mieux l'expliciter. Mais quels sont ces critères rationnels de beauté ? [...]
[...] Les œuvres ne sont pas la pâle imitation de la réalité, elles ne sont donc pas et ne doivent pas être réduites à leur contenu. C'est alors une attitude qui apparaît comme critiquable que de souhaiter juger esthétiquement une œuvre d'art et d'assigner de mauvais goût celui qui n'a pas le même rapport à la beauté que moi Le critère de beauté dépend d'une impression bien plus que de la raison. Sur ce point, les œuvres les plus belles sont bien souvent celles qui déforment ce qui est réel et rationnel, pensons par exemple à L'homme qui marche de Rude, il serait impossible de marcher de la sorte, les deux pieds posés à plat sur le sol, pourtant l'illusion est là et donne au spectateur cette impression toute particulière de beauté dans la démarche de cet homme. [...]
[...] Une belle chose est en ce sens ce qui coïncide le plus avec ses fins naturelles. Téléologiquement parlant, ce qui se réalise le plus, c'est-à-dire ce qui serait le plus en actes avec ce qu'il est en puissance. Un désert serait d'autant plus beau qu'il serait aride et sec, un rocher est d'autant plus beau qu'il est imposant, qu'il représente une certaine force, rigidité, qu'il impressionne. Cependant, ces critères semblent subjectifs et varient selon les mœurs, les époques, les individus. [...]
[...] Le mauvais goût est-il réductible au jugement esthétique ? La valeur d'une œuvre d'art est déterminée par le jugement esthétique que l'on porte sur elle. Mais celui-ci semble subjectif : c'est ce qui expliquerait les fréquentes polémiques Nous verrons d'abord qu'ontologiquement, le mauvais goût apparaît comme analogue au jugement esthétique. Nous constaterons ensuite que ces deux entités s'engouffrent dans les mêmes impasses, pour enfin être à même de comprendre que le mauvais goût appartient à la problématique plus large du champ d'action humain. [...]
[...] Ainsi, Anatole France déclarait le petit chien ne voit jamais le bleu du ciel incomestible l'homme a ce don de la nature de pouvoir avoir une vision désintéressée sur le monde, et c'est ce désintéressement qui rend effectif le mauvais goût et, inversement, le fait même que l'on puisse avoir mauvais goût montre bien que l'homme se réalise en partie en tant qu'artiste et dans le jugement esthétique. Le mauvais goût est donc à ce point assimilable au jugement esthétique qu'il nous met face aux mêmes problèmes de l'homme et de son attitude face à la beauté, de l'homme et de sa fin qu'il réalise par rapport à son jugement sur la Beauté. [...]
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