S'il était impossible d'interpréter une oeuvre d'art, cela révélerait que sa signification est fixée, une fois pour toutes. D'où proviendrait-elle ? La réponse semble simple : des intentions de son auteur. Mais ce que l'on nomme ainsi renvoie à un contexte nécessairement historique ou daté, qui inclut la mentalité globale d'une époque, sa morale, ses conceptions scientifiques, esthétiques, religieuses ou politiques (...)
[...] La réponse semble simple : des intentions de son auteur. Mais ce que l'on nomme ainsi renvoie à un contexte nécessairement historique ou daté, qui inclut la mentalité globale d'une époque, sa morale, ses conceptions scientifiques, esthétiques, religieuses ou politiques, etc. Au-delà de l'individu qui a élaboré l'œuvre, c'est ainsi toute une culture qui serait responsable de son sens. Apparaît alors une difficulté, sinon une impossibilité, lorsque ce sens devra être cerné plus tard, c'est-à-dire par un homme n'appartenant plus du tout à cette culture. [...]
[...] Cela signifie-t-il que toute œuvre d'art change de signification à travers l'histoire, et qu'elle serait capable d'accepter n'importe quelle lecture ? Ai-je en conséquence la capacité de trouver dans une œuvre une signification qui dépend davantage de mon époque ou de ma subjectivité que de la réalité (notamment matérielle) de l'œuvre ? En d'autres termes : l'interprétation d'une œuvre d'art est-elle totalement libre ? La liberte dans l'interpretation 1 L'interprétation est incontestable S'il était impossible d'interpréter une œuvre d'art, cela révélerait que sa signification est fixée, une fois pour toutes. D'où proviendrait- elle ? [...]
[...] C'est qu'en opposant à une éventuelle interprétation un contenu massif, elles appartiennent entièrement, non seulement à leur auteur, mais bien à leur époque, à sa culture et aux significations que l'on pouvait y élaborer. Inscrite dans un contexte précis, l'œuvre ne peut plus s'en dégager : elle perd son intérêt pour les cultures et les mentalités postérieures. Elle a donc de fortes chances de disparaître du champ culturel, et, si elle y est maintenue, elle ne peut être considérée que comme un témoignage d'époque : elle intéresse alors davantage l'historien que le critique ou l'esthéticien L'œuvre interprétée dure Une œuvre durable est au contraire composée de sa réalité matérielle, mais aussi de ses différentes réceptions ou interprétations, et c'est l'existence de celles-ci qui lui permet de durer, c'est-à-dire d'échapper à son époque originelle. [...]
[...] La lecture qu'il s'agisse de celle des textes ou de celle des tableaux, a évolué, et à découvert d'autres contenus d'autres significations. Après avoir été en quelque sorte négative, l'interprétation d'une même œuvre retrouve une positivité L'interprétation va au-delà du projet de l'artiste Rien ne garantit toutefois que notre interprétation de Vermeer soit fidèle à ce qu'il voulait réaliser. Lorsque Balzac entreprend la rédaction de sa Comédie humaine, il prétend y décrire la société dans tous ses aspects ; mais certains critiques font remarquer qu'on ne rencontre dans ses romans aucune figure d'ouvrier, alors même que ce dernier est le type social qui émerge au moment de Balzac et les mêmes critiques constatent que ce qui est parfaitement décrit dans La Comédie humaine, c'est la circulation de l'argent à quoi Balzac ne semble pas avoir pensé. [...]
[...] Il en va de même dans l'histoire de la peinture : il peut sembler surprenant que le travail de Vermeer ait été longuement ignoré : c'est qu'on ne trouvait pas dans sa peinture de quoi satisfaire le goût dominant, mais c'est aussi qu'on ne la percevait pas comme nous pouvons désormais le faire. Il semblerait pourtant que tout soit visible, immédiatement, dans de tels tableaux ; mais on doit admettre au contraire que la signification de ce qui y est peint n'est que progressivement apparue, ou devenue positive. [...]
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