L'histoire a été marquée par des interrogations sur la place de l'Etat, sur son rôle politique et social. L'Etat se définit par un ensemble d'administration, d'institutions censées régler la vie en société par l'instauration de lois pour éviter que les hommes ne se nuisent entre eux. L'Etat est donc certes un bienfait pour l'homme mais il constitue également une contraint. Est-ce à dire que l'Etat est un " mal nécessaire " ?
Il s'agit donc ici d'articuler les notions de moralité, que l'on peut définir comme science du bien, et de la politique qui est l'art de gouverner la cité antique ou l'Etat moderne aujourd'hui. L'Etat est-il nécessaire ? En quoi peut-il constituer un mal pour l'homme ? De là, peut-on en déduire que c'est cette part " mauvaise " de l'Etat qui est nécessaire, ou n'est-ce pas plutôt un autre de ses aspects qui l'est ? Nous sommes donc amenés à nous interroger sur la " légitimité " de l'accomplissement du mal par l'Etat. Ne peut-on pas concevoir un type d'Etat qui répondrait à cette nécessité tout en évitant le mal ?
Il faudra donc, dans un premier temps, s'interroger sur ce qui peut rendre la mise en place d'un Etat nécessaire ; puis, dans un [...]
[...] L'Etat apparaît alors nécessaire pour faire respecter cet ordre naturel qui garantit la paix. Bossuet, un peu plus tard, propose une vision analogue de l'Etat à ceci près que cet ordre naturel est d'origine divine. Dans les deux cas, l'Etat est légitimé par une transcendance : la nature ou Dieu, ce qui s'oppose aux théoriciens du " contrat social " selon lesquels l'Etat tire sa légitimité de la société elle-même, de la nature de l'homme. Il relève donc d'une décision des hommes, il est institué. [...]
[...] Toutefois, comme le soulignent aussi bien les anarchistes que les communistes, l'Etat ne va pas toujours dans le sens du bien ; il est un instrument de domination de classe et c'est pour cela qu'il doit être aboli. L'exercice de l'Etat peut-il en effet toujours s'accorder avec la morale ? L'actualité montre fréquemment que l'absence d'un Etat, sa faiblesse concourait à renforcer les conflits sociaux. C'est notamment le cas des guerres civiles, en Afrique par exemple, comme le décrit l'écrivain ivoirien Kourouma dans Allah n'est pas obligé . Il y décrit le désordre et la violence absurde qui règnent qu Libéria et en Sierra Leone. [...]
[...] L'Etat peut donc aboutir à un mal si son pouvoir n'est pas limité. Qu'est-ce qui permet alors d'éviter cet excès, sur quels principes l'Etat doit-il reposer pour garantir une paix sociale sans nuire à la liberté humaine ? Pour Benjamin Constant, la souveraineté doit être limitée par la balance et la distribution des pouvoirs ainsi que par la force de l'évidence. D'une manière plus générale, le pouvoir de l'Etat doit être limité et c'est l'état de droit et non la loi du plus fort qui doit régner pour éviter toute dérive totalitaire. [...]
[...] Certes, l'Etat est un bienfait pour les hommes mais il laisse apparaître des contradictions et peut être porteur du mal. En effet, l'Etat garantit le respect de l'égalité et de la liberté dans la démocratie mais il demande en contre-partie un renoncement partiel à cette liberté et l'obéissance à une autorité. Ainsi, Benjamin Constant dans ses Ecrits politiques (1813) montre que l'aliénation à la communauté que prône Rousseau dans Du Contrat Social et qui devrait garantir une égalité entre les hommes aboutit nécessairement à la soumission à une autorité puisque, pour que la souveraineté du peuple s'exerce, il faut bien désigner des représentants qui alors n'ont plus le même statut que les autres individus. [...]
[...] L'analyse de la nature humaine permet de justifier ou non la mise en place d'un Etat. Toutefois, les caractéristiques de l'homme à l'état de nature diffèrent selon les philosophes qui les étudient. Cela aboutit-il pour autant à des conceptions différentes quant à la mise en place d'un Etat ou quant à la forme prise par celui-ci ? Pour Aristote, L'homme est un animal politique, autrement dit, l'homme ne peut se concevoir que dans le cadre de la société. Pour les Anciens, le monde suit une hiérarchie, un ordre naturel. [...]
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