À première vue, les oeuvres d'art -un tableau, une sculpture, un morceau de musique- ne paraissent avoir aucune utilité : ce sont de beaux objets, qui « ne servent à rien », sinon à nous procurer une émotion esthétique. Toutefois, un grand nombre d'objets que nous ne considérons plus que comme des « oeuvres d'art ont primitivement été des objets utiles, ont été conçus pour répondre à des fonctions pratiques : tel temple égyptien, telle peinture médiévale ou tel masque africain avaient chacun une fonction religieuse ; tous étaient d'abord utiles (...)
[...] Par exemple, pour commencer par les corps, ceux que tu appelles "beaux", ne les désignes-tu pas en considération de leur utilité selon ce qui est propre à chacun, ou bien par rapport au plaisir, si lent- vue petit réjouir les regards ? Hors de cela, peux-tu indiquer quelque autre motif qui te fasse dire qu'un corps est beau? POLOS - Aucun. SOCRATE - Et de même les autres choses, les figures et les couleurs, n'est- ce pas pour un certain plaisir, ou pour une utilité, ou pour ces deux motifs à la fois, que tu les qualifies de belles ? [...]
[...] Mais cela est-il sûr ? N'y a-t-il pas là une illusion dans la mesure où ce n'est pas exactement le même objet qui m'apparaît dans l'un et l'autre cas il n'y a pas, en effet, d'objet sans un sujet, sans une conscience pour qui il est objet ; c'est donc mon regard, ma pensée qui découpent les objets dans une réalité qui les ignore, puisque la réalité n'est pas une suite d'objets séparés, mais une continuité fluide et mouvante. Ainsi cet objet que je saisis comme beau n'est nécessairement pas le même que celui que je saisis comme utile. [...]
[...] Le beau, est-ce ce qui ne sert a rien ? Introduction À première vue, les oeuvres d'art -un tableau, une sculpture, un morceau de musique - ne paraissent avoir aucune utilité : ce sont de beaux objets, qui ne servent à rien sinon à nous procurer une émotion esthétique. Toutefois, un grand nombre d'objets que nous ne considérons plus que comme des oeuvres d'art ont primitivement été des objets utiles, ont été conçus pour répondre à des fonctions pratiques : tel temple égyptien, telle peinture médiévale ou tel masque africain avaient chacun une fonction religieuse ; tous étaient d'abord utiles. [...]
[...] L'agréable, en effet, est lié à un intérêt, celui des sens. Car l'agréable, remarque Kant, est ce qui plaît au sens dans la sensation En outre, le jugement sur l'agréable, sur ce qui me plaît, est un jugement qui dépend du désir individuel, et ne prétend donc pas avoir une valeur absolue, universelle, comme lorsque je dis d'un objet qu'il est beau : Pour ce qui est de l'agréable, écrit Kant, chacun se résigne à ce que son jugement, fondé sur mi jugement individuel,par lequel il affirme qu'un objet lui plaît, soit restreint à sa seule personne. [...]
[...] L'idée qu'un objet puisse être dit beau parce qu'il est utile nous paraît aujourd'hui assez étrange. L'appréhension moderne de la beauté et de l'art dissocie en effet nettement la beauté de l'utilité. Mais une telle conception n'est pas universelle et n'a pas toujours prévalu. Dans l'Antiquité grecque, par exemple, la beauté d'un objet était souvent associée à son utilité, le beau étant saisi comme convenable comme correspondant à sa destination et donc comme utile C'est une telle vue que l'on retrouve dans des ouvrages de Platon, tels que l'Hippias et le Gorgias, où Socrate explique que les belles choses sont dites belles en raison soit de leur utilité, soit du plaisir qu'elles procurent, soit des deux à la fois. [...]
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