La loi des hommes n'a donc pas de valeur en elle-même, elle n'a pas une valeur absolue. Seule la loi de la nature a une valeur absolue. Si, par conséquent, l'on veut établir un droit qui soit absolu et universel, il faut le fonder sur la nature (...)
[...] tant celui qui consiste dans l'entretien de la société, que celui qui est ainsi appelé dans lui sens plus étendu, ce droit, dis-je, quoiqu'il émane des principes internes de l'homme, peut néanmoins, et avec raison, être attribué à Dieu, parce qu'il a roulé qu'il eût en nous de tels principes Conclusion Quoique l'on parle souvent d'un droit naturel, cette idée apparaît fort contestable. La nature ignore le droit : celui-ci relève de la culture et non de la nature. Il paraît donc vain de vouloir fonder le droit sur la nature. Ce qui ne veut pas dire que le droit ne doit pas tenir compte des réalités naturelles et de la nature humaine. [...]
[...] Ainsi ce qui est entièrement opposé à un tel jugement est censé en même temps être contraire ait droit naturel, c'est-à-dire aux lois de notre nature (De la guerre et de la paix). Malheureusement, il apparaît à la réflexion qu'une telle tentative repose largement sur un présupposé philosophique et une pétition de principe. En effet, Grotius postule, en premier lieu, qu'il existe une nature humaine immuable et universelle -ce qui est contestable et a été en effet contesté, notamment par Marx et Sartre. [...]
[...] Ainsi, celui qui transgresse les règles légales, s'il le fait à l'insu des hommes qui les ont établies par lent- convention, est indemne de honte et de châtiment ; s'il est découvert, non ;tandis que, si, à l'encontre du possible, on violente l'ordre de la nature, cette violation ,fût-elle inconnue à tous les hommes, le mal n'en est pas moindre ; et tous en seraient témoins qu'il ne serait pas plus grand : car le dommage ici ne résulte pas de l'opinion, niais de la réalité. Or, que nous dit la nature ? Quelle est sa loi, sinon celle du plus fort'? C'est ce que remarque le sophiste Calliclès que Platon fait parler ainsi : La loi [des hommes] est faite par les faibles et par le grand nombre. C'est par rapport à eux-mêmes et en vue de leur intérêt personnel qu'ils font la loi et qu'ils décident de T éloge et du blâme. [...]
[...] En ce sens, le droit de nature reconnaît une parfaite égalité entre tous les hommes. C'est ce qu'a bien souligné Thomas Hobbes, qui fait observer que le fondement du droit naturel est le droit de défendre sa personne et d'assouvir ses désirs par l'emploi de tous les moyens possibles et que, dans ces conditions, l'état de nature, c'est l'état de guerre permanente de tous contre tous Et, poursuit Hobbes, c'est précisément pour mettre fin à cet état de guerre où ils ris aient dans l'insécurité et la crainte constante de la mort, que les hommes, poussés par la raison, ont passé entre eux un pacte ou contrat social par lequel ils renonçaient à l'exercice de leur liberté naturelle infinie et reconnaissaient une autorité souveraine (un monarque ou une assemblée) qui seule peut exercer la force et dire le droit. [...]
[...] C'est pourquoi les lois des hommes changent (parfois considérablement) selon les pays et les époques, contrairement aux lois de la nature qui sont, elles, toujours et partout les mêmes. La loi des hommes n'a donc pas de valeur en elle-même, elle n'a pas une valeur absolue. Seule la loi de la nature a une valeur absolue. Si, par conséquent, l'on veut établir un droit qui soit absolu et universel, il faut le fonder sur la nature. La justice, explique le sophiste Antiphon, consiste à ne transgresser aucune des règles légales admises par la cité dont on, fait partie. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture