Dissertation de philosophie entièrement rédigée sur le sujet : "Devons-nous respecter toutes les croyances ?"
[...] Certains fanatismes, croyances exclusives, violentes et intolérantes, ne peuvent être respectés, c'est-à-dire acceptés, ouvertement. Si je m'engage à respecter toute croyance, et donc à respecter ces croyances irrespectueuses, je me contredis moi-même, puisque je m'engage à défendre des croyances qui sont la manifestation du vice que je combats -l'intolérance, le non-respect de l'altérité-. Nous devons respecter toutes les croyances est donc un énoncé contradictoire ; intenable donc. Mais la formulation d'un principe, celui de respecter toute les croyances, dans le champ même de la croyance, est paradoxale. [...]
[...] Nécessaires à certains égards, impossible et dangereux à d'autres, le principe selon lequel nous devrions respecter toutes les croyances est problématique ? Devons-nous cependant prendre le risque de croire en la possibilité de cette règle morale ? Platon fournit une alternative à cette impasse : au lieu de respecter toutes les croyances, Socrate respecte touts les croyants. Ainsi Ménon, est le dialogue mené par Socrate en vue d'éradiquer les croyances d'un jeune sophiste, dans le respect d'Autrui cependant. [...]
[...] Pour démontrer sa foi chrétienne, Polyeucte combat une autre croyance : celle des païens, dont il brise les statues et profane le temple. Devons-nous respecter toutes les croyances ? Respecter toutes les croyances »fait figure de principe, qui vaut par son caractère universel. La dimension singulière et contingente de tout croyance soulève donc un premier paradoxe et cause –semble-t-il- la ruine de l'ambitieuse formule nous devons respecter toutes les croyances Cependant, l'idée d'obligation morale, contenue dans le verbe devoir, ne permet-elle pas de dépasser cette contradiction ? Comment peut-on respecter une croyance elle- même irrespectueuse ? [...]
[...] Ainsi, nous ne devons pas respecter toutes les croyances, afin assurer la pérennité des nôtres. Cependant, le respect de toute autre croyance est-il compatible avec nos propres croyances ; et notre capacité d'agir moralement –c'est-à-dire librement, selon des principes que l'on juge absolus- ne nous permet-elle pas de respecter toutes les croyances ? Respecter est un verbe en deux temps : pour respecter un objet, il faut d'abord en reconnaître le caractère autre, c'est-à-dire son appartenance à l'altérité. Ainsi le respect suppose une ouverture totale et permanente à l'altérité. [...]
[...] Nous pourrons dès lors respecter toutes les croyances tout en condamnant ces opinions intolérantes. La vérité de la croyance est en effet contenue –principalement- dans le risque qu'elle suppose ; risque qui n'existe que si l'on a conscience des autres croyances possibles. Ainsi peut-on comprendre le pluriel toutes les croyances : le respect naît chez un individu dès lors qu'il a conscience de l'infini diversité du réel –autrement dit : diversité du monde et d'Autrui-. Je n'enseigne point, je narre : preuve que le scepticisme de Montaigne est fondé sur un sentiment de contingence, né d'une existence émue face au chatoiement du réel, d'un monde qui n'est qu'une branloire pérenne Cependant, le pluriel les croyances a une connotation péjorative. [...]
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