La définition première que l'on donne habituellement à la notion de représentation est la re-présentation, c'est-à-dire une autre présentation de quelque chose existant, représenter peut alors vouloir dire donner quelque chose à voir, évoquer quelque chose d'absent ? C'est donc que la représentation renvoie toujours à un objet préexistant, et en cela on pourrait dire qu'elle tente d'imiter la nature pour la remplacer par exemple, pour s'en inspirer. Et si son objectif prioritaire est la copie conforme au réel, que est son intérêt, sachant qu'une reproduction parfaite est elle même impossible sans quoi elle devient l'objet initial ? Mais par ailleurs, si la représentation ne cherche pas à copier le réel, elle s'en éloigne, n'y a-t-il pas alors un risque de déconnexion de la représentation ? Quel serait alors son intérêt ? Il y a donc un rapport subtil entre ressemblance et dissemblance interne au concept même de représentation. La représentation se trouverait ainsi à la charnière entre création et imitation, puisqu'elle veut rester fidèle à son objet sans pour autant l'imiter totalement. Ses objectifs étant l'Art, la Connaissance ? se pourrait-il que ces nobles recherches ne se basent que sur une vulgaire tentative d'imitation par ailleurs irrémédiablement vouée à l'échec ? Dans cette réflexion, nous tenterons de résoudre ces difficultés et pour cela nous analyserons en quoi la représentation est une création s'inspirant de la réalité, puis en quoi elle dépasse cette réalité et finalement comment à partir de sa ...
[...] Ainsi de nombreux critiques littéraires affirment le caractère bruyant des peintures de Delacroix par exemple en comparaison avec d'autres artistes. Par ailleurs, la représentation dépasse l'objet représenté quant à sa dimension puisqu'elle est double. En effet, comme une mélodie fait oublier au spectateur sa matérialité, c'est-à-dire une succession de bruits divers, la représentation en général possède cette double dimension qu'est son support matériel et ce qu'elle représente. Ainsi elle est plus que l'objet représenté qui lui n'a qu'une seule de ces dimensions. [...]
[...] Etudions désormais le cas particulier des représentations mentales. Nos représentations mentales correspondent à l'idée que l'on se fait mentalement de tel ou tel objet par exemple. Les diverses philosophies ne s'accordent pas pour les définir ou en préciser l'origine, mais beaucoup s'accordent cependant à les élever à un degré supérieur à celui de la simple copie. Les théories empiristes considèrent que nos représentations mentales proviennent de l'expérience, c'est-à-dire que nos synthétisons tout les caractères propres à des types d'objets pour créer l'idée que nous avons mentalement de ces objets. [...]
[...] La création humaine qu'est la représentation n'est pas " moins bonne " que la copie d'une objet crée par Dieu, au contraire, puisque nous avons vu que l'intérêt de l'homme était plus grand pour la représentation que pour la copie : elle purge jusqu'à ses angoisses les plus profondes. De tout cela il semblerait logique de conclure que représentation et copie diffèrent de toutes parts, et pourtant ce n'est pas le cas : dire que la copie est une forme de représentation mais que la représentation n'est pas incluse dans le concept de copie est insuffisant. En effet, si la représentation n'est pas une copie, elle traduit l'expression d'une copie : celle de l'activité divine. [...]
[...] A travers ce poème, Hugo extériorise sa peine et tente ainsi de l'apaiser. L'on pourrait donner de multiples exemples d'autres représentations artistiques ayant pour objectif une " thérapie " tels que Kafka dans la Métamorphose par exemple. C'est donc que la représentations , contrairement à la simple copie qui n'exprime rien de personnel, noue permet de nous délivrer de non passions, comme l'explique Aristote dans la Poétique. En effet, pour ce dernier, la " poiésis " doit nous faire ressentir terreur et pitié, c'est-à-dire que nous voyons lors d'une représentation quelqu'un vivre des passions que nous avons ou que nous ne pourrions avoir, nous les ressentons à travers les acteurs avec une distance suffisante pour pouvoir les supporter, et ainsi nous nous en guérissons. [...]
[...] On ne peut donc ni affirmer le caractère représentatif de nos représentations, ni l'infirmer. Habituellement nous nous contentons de le supposer sans pouvoir véritablement le vérifier : on ne peut donc en aucun cas qualifier quelque représentation que ce soit de copie conforme. Finalement, à l'issue de cette première partie, il apparaît que la représentation est effectivement une création à partir du réel, qu'elle s'en inspire même si elle ne cherche pas pour la plupart du temps à le plagier sans autre finalité, et d'ailleurs l'on ne peut véritablement établir le degré de ressemblance, de représentativité de la représentation. [...]
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