La raison apparaît comme une faculté propre à l'homme, qui commande aussi bien le langage, la pensée, la connaissance et la moralité. Elle est le meilleur guide vers la connaissance puisqu'elle s'oppose à la folie et à la passion incontrôlée (...)
[...] A partir de là, la connaissance de soi ne peut être assurée comme étant sincère. L'illusion n'est malheureusement pas le seul obstacle à la sincérité, les passions et les désirs subis par l'homme, peuvent en effet aussi altérer son jugement. L'homme peut être l'objet de passions ou de désirs. Or, la passion trouble le jugement et l'être passionné ignore alors tout de lui-même. Dans De l'esprit, Claude Adrien Helvétius écrit : Les passions nous induisent en erreur parce qu'elles fixent toute notre attention sur un côté de l'objet qu'elles nous présentent, et elles ne nous permettent point de le considérer sous toutes ses faces Ce n'est donc pas se connaître soi-même que d'être aveuglé par l'amour de l'argent, du jeu, ou par la passion amoureuse. [...]
[...] L'homme peut donc sincèrement vouloir se connaître et se connaître, mais cela ne signifie pas pour autant que la connaissance de soi, parce qu'elle parait sincère, le soit toujours puisque l'homme peut se tromper sur lui-même. Nous allons maintenant nous attacher à montrer que la connaissance de soi peut malheureusement ne pas être réellement sincère. La connaissance sincère de soi se heurte à l'illusion qui aurait pour principe vicieux de nous convaincre de la véracité d'une chose qui ne serait, en réalité, fausse. Spinoza, dans l'Ethique, stigmatise la conscience comme source d'illusions. [...]
[...] Cette connaissance, à partir du moment où elle est sincère, peut prétendre à l'objectivité. A l'opposé, il y a ceux qui dénoncent les prétentions de la conscience introspective à parvenir à une quelconque objectivité, aussi sincère soit la personne qui cherche à se connaître. Les deux thèses sont recevables dès lors que les partisans de la psychologie subjective s'en tiennent à la seule connaissance du sujet par lui-même et que les partisans d'une psychologie expérimentale ne prétendent pas tout dire de l'intériorité du sujet en l'étudiant de l'extérieur. [...]
[...] La conscience de soi ne peut donc qu'être que la première certitude et cette conscience de soi inéluctable fait que la connaissance de soi peut-être sincère. C'est si vrai qu'une caractéristique de la conscience est l'intentionnalité, mise en avant par Husserl : L'esprit est par essence habilité à exercer la connaissance à l'égard de soi même et, en tant qu'esprit scientifique, à entreprendre la connaissance scientifique de soi même Notion essentielle de la philosophie husserlienne, l'intentionnalité désigne tout acte de conscience comme acte intentionnel grâce auquel je m'ouvre au monde, je m'y projette. [...]
[...] La notion de mensonge implique donc nécessairement la connaissance de la vérité et, par conséquent, je ne peux mentir que si je connais la vérité et que je la travestis. Qu'on le veuille ou non, on sait toujours qui on est, même si on cherche à le cacher. L'existence du mensonge n'est donc pas en soi un obstacle à la sincérité de la connaisse de soi. S'il est difficile de se mentir à soi-même, il apparaît également difficile de ne pas avoir une connaissance sincère de soi quand on fait usage de la raison pour parvenir à notre but : apprendre à nous connaître nous-mêmes. [...]
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